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C’est une vaillante page que celle-là. Si j’étais à bout d’argument pour soutenir la thèse de l’égalité des races, je me contenterais de l’imprimer en lettres voyantes au frontispice de cet ouvrage, en priant seulement le lecteur d’y méditer longuement, consciencieusement. Dans cette simplicité et cette limpidité de style qui prouve une nature droite et ferme, dans cette émotion contenue qui perce à travers chacune de ses phrases, on sent que Moreau de Saint-Méry écrivait sous le charme de la plus vive admiration, au souvenir de ce noir, né ou devenu esclave, mais trouvant dans sa seule nature tant de rares qualités que la fierté caucasique doublée de l’orgueil nobiliaire fut forcée de les admirer, en se courbant devant les faits ! Moi aussi, j’admire passionnément cette belle figure qui revit dans mon imagination avec toute l’énergie de la réalité : elle communique une force nouvelle à ma conviction philosophique et scientifique.

Cette longévité si bien caractérisée dans la race noire, se manifestant malgré l’influence hautement préjudiciable que devraient y exercer tant de désavantages naturels, signalent un fait biologique que tous ceux qui étudient ces phénomènes avec calme et intelligence sont obligés d’avouer. La sève vitale est de beaucoup plus riche dans le sang énergique et généreux de l’Africain. Ce fait ne se constate pas moins pour la femme que pour l’homme ; mais une erreur générale chez les Européens, c’est de croire que les femmes de la race noire, vieillissent plus vite que celles de la race blanche ! « À coup sûr, dit M. Topinard, la femme se flétrit beaucoup plus vite dans les races nègres, même dans la première grossesse[1]. » Jamais assertion ne fut moins soutenable. Pour l’avancer, il faut bien qu’on n’ait eu sous les yeux que des femmes noires

  1. Topinard, loco citato, p. 377.