Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ports de chose à personne. Il faut donc que les anciens aient trouvé une justification bien puissante dans l’idée de la domination naturelle et illimitée des êtres supérieurs sur les inférieurs, pour qu’ils aient eu le courage de pousser si loin la fiction légale, afin d’adapter les faits aux principes qui découlent de cette idée.

Une telle coïncidence prouve jusqu’à l’évidence que les esclavagistes sont seuls conséquents avec eux-mêmes en soutenant la théorie de l’inégalité des races humaines, étayée sur celle de la pluralité des espèces.

Il paraît donc impossible d’accepter l’existence de races supérieures et de races inférieures, sans reconnaître aux premières le droit de réduire les autres à la servitude, pourvu que la chose leur fasse utilité. Logiquement la loi qui veut que les meilleurs se développent par tous les moyens en leur pouvoir ne se circonscrit, dans les relations humaines et sociales, que par l’égalité des facultés qui `V implique l’égalité des besoins.


II.

BASES GÉNÉRALES DE LA HIÉRARCHISATION.


Mais voyons comment et par quels arguments les esclavagistes intéressés, les philosophes inconscients ou les savants aveugles tâchent d’établir et d’expliquer la théorie de l’inégalité des races humaines. Peut-être faudrait-il ne nommer que les anthropologistes : car encore que la plu part des écrivains qui en parlent prétendent le faire au nom de la science, les anthropologistes réclament le droit exclusif de se prononcer avec compétence sur toutes les matières qui se rapportent à l’étude de l’homme. Il est incontestable que s’ils se pénétraient de toutes les données qu’il faut réunir pour faire de la bonne anthropologie, personne ne serait mieux préparé ni plus autorisé qu’eux à