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de l’égalité

grimace, de Jésus dont la bonté pardonne à Judas dont la trahison fait horreur, de Humboldt au crétin auvergnat, de Toussaint-Louverture au nègre abruti, il paraît exister une distance infranchissable ; mais, en fait, il n’y a entre eux aucune solution de continuité : tout s’harmonise et tout concorde à proclamer la dignité de l’espèce humaine placée si bas et capable de monter si haut. Assurément, que l’homme soit un animal, primate ou bimane, il sera toujours un animal privilégié, doué d’un esprit supérieur,

Sanctius his animal mentisque capacius altæ,


dont parle le poète des Métamorphoses.

L’anthropologie appelée à étudier un tel être prend une importance réelle parmi les autres sciences. Cette science, née d’hier, a reçu, dès l’abord, une impulsion tellement vigoureuse que déjà elle semble être vieille d’années, surchargée qu’elle est de formules, de doctrines, de méthodes indépendantes, offrant ensemble un appareil imposant, mais fort difficile à manier. Toutes les autres sciences deviennent insensiblement ses tributaires. Aussi celui qui voudrait s’en occuper avec une compétence indiscutable se verrait-il forcé de s’initier à tous les genres d’études et parcourir toutes les sphères de la connaissance, sans en omettre la moindre partie. Jamais étude ne fut plus complexe. Là, il faut raisonner avec assurance sur tous les sujets, qu’ils relèvent de l’esprit ou de la matière ; il faut envisager le monde et la pensée, le phénomène et le noumène, suivant la terminologie de Kant. Cela n’est pas de la force de chacun, et plus d’un anthropologiste dogmatique reculerait devant l’œuvre, s’il se pénétrait suffisamment des conditions intellectuelles requises pour bien soutenir le rôle qu’il ambitionne. L’objet principal de la science mérite cependant ce noble effort, quand bien même il faudrait refaire son éducation scientifique, en élargir la