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à discerner les paroles et leur sens ; mais c’est la dernière conquête et la plus difficile pour celui qui n’est pas né ou, pour le moins, n’a pas grandi en Allemagne.

Une autre particularité des plus remarquables que l’on rencontre dans certaines langues agglutinantes, ce sont les mots holophrastiques, c’est-à-dire renfermant toute une phrase, par l’agglutination de plusieurs termes plus ou moins modifiés. Ainsi, dans la langue mexicaine, le nom de lieu Achichillacachocan signifie[1] : « le lieu où les hommes pleurent parce que l’eau est rouge. »

Presque toutes les langues américaines et la plupart des idiomes hyperboréens offrent des formes linguistiques semblables. On a fait la remarque que la trace s’en retrouve peut-être dans l’italien et l’espagnol, qui sont des langues flexionnelles et analytiques. Les mots ainsi formés se constatent aussi dans l’allemand, suivant une composition souvent arbitraire ; il en est de même pour le grec. Il faut citer surtout le vers suivant du poète Phrynichus, écrit en un seul mot et presque intraduisible :

Ἀρχαιομελησιδωνοφρυνιϰεράτα.

Il a attiré l’attention de Victor Hugo qui en fait une mention spéciale dans son William Shakespeare, œuvre de critique savante et de profonde érudition.

En réfléchissant sur les résultats que donne l’investigation glottologique dans l’étude des races humaines on ne saurait conserver la moindre illusion. La linguistique ne peut rien affirmer sur l’origine des nations. Moins encore elle peut nous aider à les classer en groupes naturels ayant des bases zootaxiques qui réunissent un caractère suffisamment scientifique.

Quelle que soit l’assurance que mettent les savants à

  1. F. Lenormant, loco citato, p. 349.