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bases sur lesquelles on s’appuie pour établir les classifications, ainsi que les doctrines anthropologiques qu’on en fait découler d’une façon plus ou moins logique ? Ne faut-il pas mettre sous les regards du lecteur tous les éléments qui doivent l’aider à motiver son jugement ? Pour cela, une foule de faits dont j’ai intentionnellement circonscrit la discussion sur des points spéciaux, lorsqu’il s’est agi de réfuter la théorie de la pluralité des espèces humaines, vont de nouveau se présenter à notre examen. Le plus souvent, il n’y a de changé que le nom ou l’étiquette entre les arguments polygénistes, divisant le groupe humain en plusieurs espèces, et ceux des monogénistes qui admettent plusieurs races dans une seule espèce. Peut-être paraîtra-t-il fastidieux de revenir toujours sur les mêmes questions, les tournant et retournant sans cesse, sans qu’on paraisse avancer d’un pas dans l’étrange besogne. Pareil à Sisyphe condamné a rouler éternellement son titanique rocher, on semble se livrer à un labeur pénible, ingrat et décourageant, sans pouvoir jamais atteindre aux sommets de la vérité. Mais ce fait même concourt admirablement à prouver une chose, c’est que l’échafaudage sur lequel on s’est placé pour proclamer la distinction radicale et l’inégalité des races humaines, est sans fondement solide. Aucune loi naturelle ne lui sert d’étai.

« Que l’on suive la classification de mon maître Blumenbach en cinq races (Caucasique, Mongolique, Américaine, Éthiopique et Malaise) ou bien qu’avec Prichard, on reconnaisse sept races (Iranienne, Touranienne, Américaine, des Hottentots et Boschimans, des Nègres, des Papous et des Alfourous), il n’en est pas moins vrai qu’aucune différence radicale et typique, aucun principe de division naturelle et rigoureuse ne régit de tels groupes[1]. »

  1. A. de Humboldt, Kosmos, t. I, p. 427.