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il n’avait pas de famille à soutenir et à faire vivre, et il avait du ressort. Aussi, il se permet de publier un journal, « Le Pays, » et ne se gêne nullement de prêcher les idées que nous avions émises en matière d’éducation.

Que voulez-vous ? Il est appuyé sur des capitaux, et il est résolu.

Tant mieux ! il n’en dira jamais assez pour me satisfaire.


Pendant que j’ai les mains dans la pâte, je me permettrai une réminiscence. Ce sont deux portraits à la plume écrits par votre ami Roullaud que vous avez marié dans votre chapelle particulière, il y a quelques années.

Voici ce que Roullaud écrivait le 30 septembre 1893 :


La tête de l’Archevêque de Montréal (Mgr Fabre) est remarquable ; elle respire surtout la bonté et la douceur, deux qualités qui, trop souvent, versent dans un défaut : la faiblesse. Le visage d’un ovale allongé, le front haut et large, les cheveux rares mais d’une blancheur vénérable, les yeux à fleur de tête, la bouche souriante, les traits d’une excessive mobilité, tout cela constitue un ensemble harmonieux qui impose la sympathie et le respect. Un peintre chargé de représenter un prélat dans une composition idéale observera nécessairement la tête de Monseigneur sans l’avoir jamais vue. Je comprends maintenant l’attachement de l’abbé Proulx à notre digne Archevêque.


Je passe maintenant au vôtre, Monseigneur. Il est aussi flatteur que le précédent, mais un peu plus corsé.


M. l’abbé Bruchési, lui, a un masque de bénédictin. Tête petite, mais bien faite. Il y a quelque chose d’élégant et de distingué dans toute sa personne, cependant il ne me plaît pas à première vue. Son regard est dur, et le lorgnon qui l’intercepte ne l’atténue pas ; ses traits sont fins mais raides ; l’angle facial, bien droit,