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LA JUMENT À MA TANTE CAYEN




MON ami Alphonse C…, employé aux douanes de Sa Majesté, né à Sainte-Thérèse, a toujours été et est encore, du moins je l’espère, un loustic, pas méchant, mais capable de jouer des tours pendables chaque fois que l’occasion se présente. Il avait des chevaux vite à l’époque et les faisait valoir. Un jour il se rendait à la Grande Côte quand il rencontra ma tante Cayen au détour du chemin conduisant à la Rivière Cachée, une rigole serpentant tout le long d’une oasis perdue dans ce coin du pays. On l’appelait la Rivière Cachée, parce qu’il n’y avait pas même de trace d’une rivière.

Ma tante La Gritte (Marguerite) était la veuve d’un Acadien qui s’était réfugié dans notre province lors de la déportation, et par corruption on les appelait les Cayens. C’était un