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de la faire bouillir avec du carbonate de soude, pour lui enlever les dernières traces de cette huile liquide.

Le produit, pressé et fondu de nouveau, est une matière blanche très-pure. Elle sert à confectionner des bougies, qui tirent leur mérite, aux yeux des consommateurs, de leur remarquable transparence. Les bougies de blanc de baleine sont des bougies diaphanes, d’un aspect reluisant, que l’on admire beaucoup en Angleterre ; mais nous sommes en France assez indifférents à cette qualité.

Pour que la bougie de paraffine ait une grande transparence, il faut, quand on la coule, empêcher sa cristallisation, qui donnerait de l’opacité à la matière, par l’entrelacement intérieur des aiguilles des cristaux. On a donc soin, avant de couler dans les moules les bougies de spermaceti, d’agiter la masse, pour la brouiller et empêcher les cristaux de se former. L’addition de 3 pour 100 de cire blanche, empêche également la cristallisation, et donne un produit extrêmement diaphane.

Les bougies de blanc de baleine, que l’on colore quelquefois des nuances bleu tendre, rose, violet, etc., sont d’une admirable pureté. Elles brûlent avec une flamme très-vive et très-claire. Seulement leur point de fusion est très-bas. Elles fondent à 44 degrés, tandis que la bougie stéarique fond à 54 degrés. Il en résulte qu’elles coulent plus facilement que les bougies stéariques.

La bougie de blanc de baleine est un éclairage de luxe. Elle coûte 6 francs le kilogramme, tandis que les bougies stéariques ne dépassent guère le prix de 2  fr.  50 le kilogramme. En Angleterre, la classe riche peut donc se procurer un éclairage d’une élégance irréprochable. Mais comme la bougie stéarique est assez peu répandue chez nos voisins d’Outre-Manche, la classe peu aisée est, sous ce rapport, beaucoup moins favorisée qu’elle ne l’est parmi nous, où le plus pauvre ménage peut s’éclairer avec le même luxe qu’un ministre ou un financier.

La paraffine est une matière grasse que l’on trouve dans beaucoup de produits naturels, ou dans les résidus de différentes industries. On la retire en abondance des composés qui se forment pendant la distillation de la houille, pour la préparation du gaz de l’éclairage. Elle existe dans divers pétroles, et surtout dans le pétrole de Rangoon (Empire birman), qui est importé par grandes masses en Angleterre.

M. Aimé Girard, dans le Dictionnaire de chimie industrielle, décrit comme il suit, le procédé suivi en Angleterre, pour l’extraction de la paraffine du goudron de Rangoon.

« On commence par distiller à la vapeur soit le goudron de Rangoon, soit l’huile de schiste contenant la paraffine ; on élimine de cette façon tous les hydrocarbures aisément volatils. Le résidu de la distillation qui, pour le goudron, ne s’élève pas à moins de 75 pour 100 est fondu, puis traité par 2, 4, 6 ou même 8 pour 100 d’acide sulfurique, qui produit un abondant précipité noir. La matière liquide surnageante est lavée soigneusement à l’eau, puis introduite dans un alambic où elle est distillée au moyen de la vapeur surchauffée. Les produits de la distillation sont fractionnés soigneusement ; jusqu’à 150°, ils ne renferment pas de paraffine ; à 150°, celle-ci apparaît dans les produits, et la proportion en augmente jusqu’à la température de fusion du plomb (330°) ; à ce moment la paraffine devient très-abondante, les matières distillées se solidifient par le refroidissement et deviennent susceptibles d’être pressées comme les pains d’acides gras. Les produits distillant près de 150°, et qui sont encore liquides, sont soumis à des distillations fractionnées successives, de manière à isoler la paraffine et à l’amener au même état que les produits distillés depuis 200 et quelques degrés jusqu’au point de fusion du plomb.

« La paraffine brute est fondue et abandonnée à un refroidissement très-lent, qui lui fait prendre l’état cristallin ; on la presse alors lentement, de manière à exprimer la plus grande partie de l’huile qu’elle renferme. On la refond de nouveau, et on la traite par 50 pour 100 d’acide sulfurique à la température de 180°. En deux heures, la paraffine se sépare de l’acide ; on la lave deux fois à l’eau bouillante, on la coule en gâteaux, puis on la presse une dernière fois entre des étreindelles, en chauffant légèrement les plaques de la presse. On la refond alors, on lui ajoute 5 pour 100 de stéarine, et on la coule dans les moules à la manière ordinaire.

« Cette méthode a été modifiée d’une manière aussi heureuse qu’élégante par MM. Cogniet. Ces habiles