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tre, situé dans le parc du duc de Northumberland, à Chewick, a 189 mètres de profondeur, et la colonne liquide jaillit à plus d’un mètre au-dessus du sol.

Les terrains de la Belgique ont une grande analogie, au point de vue géologique, avec ceux de nos départements du Nord. On y rencontre donc également des eaux ascendantes et jaillissantes, et les puits artésiens y sont d’autant plus multipliés qu’on y exécute très-fréquemment des sondages pour la recherche des nouveaux gisements houillers.

À Mondorff (grand-duché de Luxembourg), M. Kind a creusé un puits qui a jusqu’à 730 mètres de profondeur totale. Il en sort une grande quantité d’eau minérale jaillissante, que l’on exploite dans un établissement thermal. L’épaisseur de la nappe est très-considérable, car on commence à trouver de l’eau à 502 mètres, et l’on ne cesse d’en rencontrer qu’à la profondeur de 720 mètres ; la nappe liquide a donc 218 mètres de hauteur.

Le forage de Mondorff avait été entrepris pour la recherche du sel gemme et des eaux salifères ; mais aucun résultat ne fut obtenu à la profondeur de 730 mètres, et l’on ne jugea pas à propos de pousser plus loin les travaux. Les eaux jaillissantes ayant alors été analysées, on reconnut leurs qualités, et un établissement thermal se fonda à Mondorff.

Ce puits foré est le plus profond de tous ceux qui existent au monde.

Un autre puits également très-profond, c’est celui de Neu-Salzwerk, en Westphalie : il descend jusqu’à 644 mètres, et fournit par minute 1 683 litres d’une eau qui renferme 4 pour 100 de sel.

MM. Laurent et Degousée ont fait pour les bains de Hombourg, en Allemagne, sept sondages, qui ont amené la découverte de quatre sources thermales, l’une sulfureuse, l’autre ferrugineuse, la troisième d’eau saumâtre, et la quatrième d’eau douce. La dernière est située à une profondeur de 448 mètres. Plus tard, M. Kind a obtenu des eaux thermales jaillissantes à 500 mètres.

En Italie, différents sondages ont été exécutés à Naples, Bologne, Modène, Venise et sur d’autres points secondaires.

Les deux sondages de Naples ont été couronnés d’un plein succès : l’un a été entrepris dans le jardin du Palais-Royal ; l’autre, sur la place de la Villa Reale. Le premier a 465 mètres de profondeur. Deux nappes liquides ont été atteintes, l’une à 265 mètres, la seconde au fond du puits, fortement chargée d’acide carbonique et douée d’une plus grande puissance ascensionnelle que la précédente. L’eau s’élève dans une belle fontaine située au milieu du jardin du Palais ; il en sort près de 2 000 litres par minute. Le puits de la place de la Villa Reale mesure 281m,50, et l’eau en jaillit à 2m,50 au-dessus du sol.

Jusqu’en 1844, la ville de Venise n’avait été alimentée en eaux potables que par les eaux de pluie, que l’on recueillait dans plus de deux mille citernes, publiques ou privées, et par l’eau du canal d’eau douce nommé la Seriole (dérivation de la Brenta). De nombreuses tentatives de sondages furent faites, de 1815 à 1830, par le gouvernement autrichien ; mais elles échouèrent constamment, par suite de la présence de sables fluides dans les terrains à perforer. On avait perdu tout espoir, lorsque M. Degousée traita avec la municipalité de Venise, et, fort des études qu’il avait faites sur les lieux, se chargea de l’opération à ses risques et périls. Le traité fut conclu le 1er février 1846.

Au mois d’août, un sondage était commencé sur la place Santa-Maria-Formosa. Six mois plus tard, on atteignait une nappe liquide à la profondeur de 61 mètres, et l’eau jaillissait au-dessus du sol.

Quelque temps après, un autre puits,