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principes fixes.
Carbonate de chaux 
0,064 gr
                de magnésie 
0,024
                de potasse 
0,012
                de protoxyde de fer 
0,001
Sulfate de soude 
0,015
Chlorure de sodium 
0,009
Acide silicique 
0,010
Alumine 
0,001
Acide sulfhydrique et sulfure alcalin 
0,006
Macères organiques, iodure alcalin, manganèse et perte 
0,0044
Total 
0,186

Si l’on se reporte à l’analyse de l’eau du puits de Grenelle, que nous avons mentionnée plus haut (page 585), et particulièrement à l’analyse de MM. Boutron et Henry, on verra que le poids du résidu solide est sensiblement le même pour les deux eaux. On peut en dire autant de la proportion de leurs éléments constituants. Il est donc permis de conclure que l’eau du puits de Passy et celle du puits de Grenelle proviennent toutes les deux de la même nappe souterraine.

L’eau du puits de Passy ne contient pas d’oxygène ; elle est alcaline comme l’eau du puits de Grenelle ; enfin, elle renferme moins de sels calcaires et magnésiens que les bonnes eaux.

« La température élevée de l’eau du puits de Passy, dit M. Poggiale, sa saveur forte, l’absence d’air, la faible quantité d’acide carbonique et de carbonate calcaire sont des inconvénients sérieux, si on veut l’employer comme boisson. Il faudrait, pour cet usage, l’aérer et la refroidir. Cette eau est néanmoins préférable à toutes les eaux de sources et de rivières pour la plupart des usages publics, particulièrement pour les générateurs de vapeur, pour l’arrosage des plantes, et très-probablement pour le blanchissage. »

Nous représentons (fig. 388) le puits artésien de Passy, tel qu’il existe aujourd’hui. Son aspect est des plus simples. La colonne d’eau n’a pas le caractère jaillissant, et le plus souvent elle se déverse à fleur du sol, comme la plus modeste fontaine. Quand on voit ce faible volume d’eau s’épancher dans le bassin avec si peu d’appareil, on se demande si c’est bien là le puits artésien qui a coûté tant de travaux et d’efforts.

Pour terminer ce chapitre, nous mettrons sous les yeux du lecteur (fig. 389) le tableau des terrains qu’a traversés la sonde, dans le forage dont nous venons de raconter les longues péripéties.

En comparant cette coupe avec celle du forage de Grenelle, on observera une identité presque complète quant à la succession des couches, dans les deux localités. La ressemblance était si évidente que M. Élie de Beaumont a pu, sans se tromper, annoncer le jaillissement de l’eau à Passy, quelques heures seulement avant l’événement, par l’inspection des sables verts ramenés du fond du trou de sonde.


CHAPITRE X

les puits artésiens de la butte-aux-cailles et de la chapelle saint-denis.

Deux puits artésiens tout aussi importants que ceux de Grenelle et de Passy, sont en ce moment en cours d’exécution, à Paris. L’un, situé à la Butte-aux-Cailles, près de la barrière Fontainebleau, a été entrepris pas MM. Saint-Just et Dru, successeurs de M. Mulot ; le second, placé à l’autre extrémité de Paris, sur la place Hébert, à la Chapelle Saint-Denis, a été confié à M. Ch. Laurent. Dans les traités passés entre la ville de Paris et ces entrepreneurs, il était dit que l’administration ferait exécuter elle-même deux puits ordinaires de 2 mètres de diamètre, que l’on pousserait, s’il était possible, jusqu’aux premières couches des terrains secondaires, après quoi les concessionnaires du forage auraient à commencer, à cette profondeur, le puits artésien.

Cette clause a été remplie pour le puits de la Butte-aux-Cailles ; un puits a pu être descendu jusque dans la craie, à 80 mètres de profondeur ; alors, MM. Saint-Just et Dru