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conserver le trou de sonde aussi large que possible, attendu qu’il exige moins de colonnes de garantie. En effet, nombre de terrains n’ont pas besoin d’être soutenus, et ils ne s’éboulent, la plupart du temps, que par le fait des tiges battant les parois du sondage pendant le va-et-vient de l’outil percuteur. Troisièmement, la sonde ne comportant pas plus de 20 ou 25 mètres de tiges rigides, dans les forages d’une grande profondeur, les chances d’accidents sont extrêmement réduites, parce que la faible longueur des tiges permet de leur donner beaucoup d’épaisseur et par conséquent de rendre les ruptures de sondes tout à fait exceptionnelles. Enfin, si l’on brise la corde en voulant dégager un outil pincé au fond du trou, il suffit, pour réparer l’accident, de remonter la sonde avec la tige creuse, dans l’intérieur de laquelle on trouve la corde cassée.

La méthode de forage que nous venons de décrire, avait été imaginée par MM. Degousée et Laurent, comme perfectionnement d’une autre méthode qui avait fait beaucoup de bruit, et qui était de l’invention d’un ingénieur de mérite, M. Freminville. Ici l’on avait voulu maintenir les parois du sondage à mesure que la profondeur augmentait. À cet effet, l’outil restait constamment attaché à la base d’une colonne de garantie, qui descendait avec lui.

Les tentatives faites pour mettre à exécution ce procédé étant restées sans succès, on dut y renoncer, et c’est à cette occasion que MM. Degousée et Laurent imaginèrent la méthode que nous venons de décrire.

La méthode des sondages creux de MM. Degousée et Laurent avait été approuvée par Arago, Humboldt et M. Combes. Les inventeurs en eussent généralisé l’emploi, si l’apparition du trépan à chute libre ou déclic, ne fût venue réaliser un progrès décisif, et détruire d’une façon plus complète les inconvénients de la sonde rigide à de grandes profondeurs.

Système Fauvelle. — Ce système fut beaucoup préconisé par Arago, qui en exposa le principe et les avantages devant l’Académie des sciences, dans la séance du 31 août 1846. Un premier essai fait peu de temps auparavant, sur la place Saint-Dominique, à Perpignan, avait été couronné d’un succès magnifique. Le forage, commencé le 1er juillet et poussé jusqu’à la rencontre d’une nappe jaillissante, située à 170 mètres de profondeur, était terminé le 23 du même mois. Déduction faite de trois dimanches et de six jours consacrés aux travaux d’installation, ce sondage n’avait demandé que 14 journées de 10 heures chacune, soit 140 heures de travail, ce qui représenterait à peu près 1m, 20 de forage par heure. Ce résultat était d’autant plus remarquable qu’un autre forage, également entrepris à Perpignan, et continué jusqu’à la même profondeur, par les procédés ordinaires, avait exigé onze mois de travail.

L’emploi de l’eau, injectée dans une sonde creuse par une pompe foulante, pour ramener à la surface du sol tous les détritus produits par l’instrument perforateur, pour opérer, en un mot, la vidange complète du trou de sonde, voilà ce qui constitue l’originalité et le caractère distinctif du système Fauvelle.

L’appareil se compose d’une sonde creuse, formée de tuyaux vissés bout à bout, et terminée par l’outil rodeur ou percuteur, suivant les cas. Le diamètre de cet outil est plus grand que celui de la sonde, afin qu’il reste, entre les tubes et les parois du trou de sonde, un espace annulaire par lequel puissent remonter l’eau et les débris qu’elle entraîne. L’extrémité supérieure de la sonde communique avec une pompe foulante par quelques mètres de tubes articulés qui suivent la sonde dans tous ses mouvements :

« Lorsqu’on veut faire agir la sonde, dit Arago, on commence toujours par mettre la pompe en mouvement ; on injecte jusqu’au fond du trou, et par l’intérieur de la sonde, une colonne d’eau qui, en