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vriers sur le rocher désert de Bell-Rock, le 16 août 1807. Le récif est couvert de 4 mètres d’eau à la marée haute ; les hommes ne pouvaient donc travailler que quelques heures chaque jour, entre le flux et le reflux. Au retour de la marée, ils remontaient dans le navire de service, attaché par ses ancres.

Un jour, le navire brisa ses ancres, et Robert Stevenson, avec ses trente-deux maçons, fut entraîné à la dérive. Ils n’échappèrent à la mort que par miracle, un bateau de pêcheur envoyé à leur poursuite ayant réussi à atteindre le navire en détresse.

Nous ne redirons pas les obstacles que Stevenson eut à vaincre, pour mener à bien cette tâche épineuse. Dans les constructions de ce genre, les difficultés et les périls sont toujours les mêmes. Les travaux préparatoires, — création des baraquements destinés aux ouvriers, — creusement du rocher pour y loger les fondations, etc., ne durèrent pas moins d’une année. On utilisait tous les moments où la mer ne couvrait pas le rocher, et l’on travaillait souvent la nuit à la lueur des torches.

La première pierre fut posée, avec solennité, le 10 juillet 1808, et le phare fut allumé le 11 février 1811. Depuis cette époque, il n’a jamais été nécessaire de le réparer.

Le phare de Bell-Rock est un feu de premier ordre ; il est élevé de 35 mètres au-dessus du sol et de 28 mètres au-dessus du niveau des hautes mers. Son appareil est catoptrique, c’est-à-dire composé de simples réflecteurs, et sa lumière porte à 15 milles par les temps clairs.

Le phare de Skerryvore est situé en Écosse, à la hauteur du précédent, sur la côte opposée.

Skerryvore est un banc considérable de récifs polis, que les vagues recouvrent presque entièrement à la marée haute. En 1814, la commission écossaise des phares résolut d’y établir un feu ; mais diverses causes retardèrent ce projet, qui ne fut repris qu’en 1835.

Robert Stevenson était mort ; son fils, Alan Stevenson, fut chargé de construire le phare. Il poussa les travaux avec la plus grande ardeur.

Le 1er septembre 1838, la baraque qu’Alan Stevenson avait fait élever sur le rocher, pour caserner les travailleurs, fut emportée par un coup de mer. Alan ne se découragea pas. Il fit élever une baraque nouvelle, beaucoup plus haute, car elle n’avait pas moins de 9 mètres d’élévation. C’est au haut de ce frêle édifice de bois, que Robert Stevenson et ses trente maçons se tenaient perchés quand la mer arrivait ; c’est là qu’ils passaient les nuits, dans un sommeil qui ne devait pas assurément être toujours paisible. Plus d’une fois, ils furent réveillés par de terribles secousses ; les vagues, s’élançant par-dessus la baraque, inondaient la toiture et pénétraient dans le réduit, qui tremblait sur ses piliers. Quelquefois la mer était si mauvaise que les barques chargées de porter les provisions de bouche, ne pouvaient accoster pendant plusieurs jours ce rocher inhospitalier.

Quatre mois furent employés à creuser la tranchée de fondation, qui n’avait pas moins de 13 mètres de diamètre. Il fallut pour la creuser, extraire un poids de 2 000 tonnes de matériaux. Enfin, le 10 août 1842, on hissa la lanterne sur le sommet de la tour. Le 1er février 1844, le fanal de Skerryvore illuminait l’horizon.

Le phare de Skerryvore forme un bloc de maçonnerie cinq fois plus considérable que celui d’Eddystone. La tour implantée sur le roc, est tout en granit.

Ce magnifique lampadaire de l’Océan est éclairé par un appareil de lentilles à échelons. Son foyer s’élève à 48 mètres au-dessus du sol et à 45 mètres au-dessus du niveau des hautes mers. La portée de sa lumière est de 18 milles.

En 1861, on éleva un beau phare sur les rochers de Smalls, situés au milieu de la mer, en face de l’île Skoner, dans le sud de la prin-