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de logements. Le diamètre intérieur est fixé à 1m,40, et l’escalier est disposé comme celui des tourelles accompagnées de logements, dont il a été parlé tout à l’heure.

Les dépenses d’une construction de ce genre varient, suivant les circonstances locales, de 6 000 à 10 000 francs.

Il nous reste à dire, pour terminer ce qui concerne les phares français, que tout ce qui les concerne est concentré dans une administration, parfaitement organisée, qui dépend du Ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics. Un administrateur supérieur, qui a le titre de directeur du service des phares et balises, dirige, sous l’autorité du ministre, tous les travaux qui se rapportent à l’éclairage de nos côtes. M. Léonce Reynaud, inspecteur général des ponts et chaussées, occupe aujourd’hui le poste de directeur du service des phares.

L’établissement central de l’administration des phares, placé sous la direction d’un ingénieur en chef, M. Émile Allard, est établi, depuis l’année 1869, sur les hauteurs de la place du Trocadéro. L’édifice, nouvellement construit, domine le cours de la Seine et le Champ-de-Mars. Une haute et élégante tour, rappelant la forme habituelle des phares, désigne de loin aux regards ce bel établissement national.


CHAPITRE X

les phares anglais. — histoire de la trinity-house. — les phares d’eddystone, de bell-rock, de skerryvore, de smalls. — la promenade du phare de sunderland.

Si la France a eu la gloire d’inventer les lentilles et échelons, c’est à l’Angleterre que revient l’honneur d’avoir, la première en Europe, garni ses côtes de feux nombreux, et cela dans des circonstances parfois difficiles. L’Angleterre cite avec orgueil les noms de Smeaton, de Robert Stevenson et d’Alan Stevenson. Ces hommes ont, en effet, exécuté avec beaucoup de courage et de patience, des constructions en mer qui présentaient de grandes difficultés. Il ne faut pas oublier pourtant que les Stevenson n’ont fait que mettre en pratique les idées de Fresnel, qui avait inventé les phares à échelons. Sans la découverte du physicien français et les études approfondies de notre administration des Phares, les ingénieurs anglais n’auraient jamais pu mener à bien leur projet de couvrir de feux les côtes maritimes de leur pays.

L’organisation des phares, en Angleterre, est fort différente de celle de notre pays. Elle repose sur des bases étranges, presque excentriques, et qui se ressentent des us et coutumes de la vieille Angleterre.

Trois administrations, correspondant aux trois royaumes d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, sont chargées de la direction des phares britanniques. La première, qui administre les feux anglais proprement dits, se nomme Corporation of the Trinity-House of Deptford Strand ; la seconde, celle des feux écossais, a nom Corporation of the commissionners of Northern Light-Houses ; la troisième, préposée à l’éclairage des côtes d’Irlande, s’appelle Corporation for preserving and improving the Port of Dublin.

La Trinity-House est de beaucoup la plus importante ; elle exerce même, dans certains cas, un contrôle sur les deux autres. Fondée en 1512, en vertu d’une charte que lui conféra Henri VIII, elle ne constituait, à l’origine, qu’une sorte de confrérie, dont la mission se bornait à prier pour les navigateurs et pour l’âme des naufragés. Mais des chartes d’Élisabeth, de Jacques Ier, de Charles II et de Jacques II, augmentèrent considérablement ses attributions, et lui donnèrent la surveillance de la marine marchande. L’éclairage des côtes rentrait dans cet office. Les phares se multiplièrent alors très-rapidement sur le littoral anglais, d’autant plus qu’ils étaient