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CHAPITRE IX

ventilation des églises. — ventilation des maisons particulières. — ventilation des cuisines, des cours, des lieux d’aisances. — les lycées, les casernes, les ateliers.

Ventilation des églises. — Est-il nécessaire de chauffer et de ventiler les églises ?

La hauteur considérable de la nef, le volume d’air énorme qu’elle contient, et la grande surface de vitrage, sont des causes de perte de chaleur tellement puissantes, qu’il faudrait consacrer de bien fortes sommes au chauffage complet d’une église. Les fabriques ne seraient pas toujours assez riches pour suffire à ces dépenses. Dès qu’un peu d’air est chauffé, par un moyen quelconque, à la base de l’église, il s’élève au sommet, et va se perdre dans les régions supérieures de la voûte. D’immenses courants portent la chaleur aux grandes fenêtres, toujours mal jointes. Ce n’est donc que dans quelques circonstances, rares et exceptionnelles, par un concours extraordinaire de fidèles, accompagné d’un éclairage à splendeurs inusitées, que les causes de chaleur surpassent la perte, dans un temps donné, et que l’air peut être chauffé dans toute la masse du vaisseau, dans les parties supérieures comme dans les parties inférieures de l’édifice.

C’est un fait inouï que la chaleur atteigne, dans une église, à de très-hautes limites. C’est pour cela que l’on peut citer comme événement exceptionnel, ce qui se passa dans la vaste basilique de Notre-Dame de Paris, le jour de la cérémonie funèbre de l’enterrement du duc d’Orléans, en 1846. Plus de six mille personnes étaient réunies pour cette cérémonie imposante, dans l’église métropolitaine, qui était éclairée par un nombre incalculable de cierges et de bougies. Les fenêtres avaient été fermées pour les besoins de la décoration, de sorte que la ventilation ne se faisait plus que par les courants d’air qui traversaient la porte centrale d’entrée, fort peu élevée, d’ailleurs. Les ordonnateurs de la cérémonie avaient oublié, ou ignoraient, tous les principes de la ventilation et de l’assainissement des lieux de réunion publique. La chaleur dégagée par la respiration des six mille personnes et la combustion des milliers de bougies et cierges, fut telle, qu’en peu d’instants la température devint insupportable, dans tout l’édifice. Les cierges qui brûlaient autour du catafalque, se courbaient de manière à faire craindre qu’ils ne missent le feu aux draperies. C’est dans le chœur que la température était le plus élevée. Là, plusieurs personnes perdirent connaissance, et si la cérémonie s’était prolongée, on aurait pu s’attendre aux plus graves accidents.

« On ne comprend pas, dit Péclet, en rapportant cet événement, comment cette conséquence inévitable de la réunion d’un si grand nombre de personnes et d’appareils d’éclairage n’avait pas été prévue par les architectes chargés de la décoration de l’église[1]. »

Des effets analogues se produisent, mais sur une plus petite échelle, aux sermons des prédicateurs célèbres, qui attirent une grande affluence à Notre-Dame de Paris, et pendant les solennités musicales de l’église Saint-Eustache. Dans tous ces cas, nous n’avons pas besoin de le dire, il suffit, pour prévenir l’excès de chaleur et le danger de l’air vicié, d’ouvrir quelques-unes des vastes fenêtres supérieures.

Cependant, nous le répétons, ce sont là des cas fort exceptionnels. Partout les églises sont froides, parce qu’il est presque impossible de les chauffer. On n’a donc pas à s’inquiéter de la ventilation dans des capacités si volumineuses.

Un petit nombre d’églises de Paris, ainsi que les temples protestants, sont chauffés par des calorifères de cave, dont les bouches de chaleur s’ouvrent au niveau des dalles. La

  1. Traité de la chaleur, t. III, p. 160, note.