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3m,70 de diamètre. Cet air arrive sous le théâtre par les conduits C, et remplit une salle contenant les calorifères B, B, et les caisses dites de mélange d’air, M, M. Six gros tuyaux dirigent cet air chaud : 1o à la scène, 2o aux divers étages de la salle, 3o à la rampe. Cependant, disons tout de suite que les deux tuyaux qui aboutissaient à la rampe, durent être supprimés dès les premiers jours, parce que leurs ouvertures incommodaient les musiciens et les acteurs.

Les points d’arrivée les plus importants de l’air chaud envoyé par les calorifères, sont ceux de la salle. Ils sont percés, comme le montre la figure 258, au pourtour saillant du balcon de chaque rang de loges, et en outre dans le parquet de l’orchestre et du parterre, sous les pieds des spectateurs, partie qui n’est pas visible sur cette figure.

Tout a été calculé de manière à fournir 30 mètres cubes d’air, par heure, à chaque spectateur. Le théâtre peut contenir 1 472 personnes.

Comment se fait l’évacuation de l’air vicié ? La chaleur du lustre et des cheminées d’appel sont chargées d’opérer cette évacuation.

Les bouches d’aspiration de l’air vicié se trouvent : 1o sous les pieds des spectateurs de l’orchestre et du parterre ; 2o à la partie postérieure du plafond de chaque loge.

L’air vicié des parties inférieures de la salle, s’écoule par des bouches d’aspiration aboutissant, grâce au conduit RR, au canal A, lequel est chauffé par le tuyau d’un poêle, F. Celui qui provient du reste de la salle est évacué au moyen des conduits, percés autour des loges et aboutissant à l’espace D chauffé par le lustre ou si l’on veut par le gaz qui forme l’espèce de couronne H.

L’air vicié est encore évacué vers les parties supérieures, D, par des conduits qui l’amènent dans la coupole, G, où la chaleur du lustre forme un appel très-puissant.

L’air vicié venant du parterre qui a suivi la cheminée d’appel, A, et l’air vicié venant des loges et des galeries, se réunissent ainsi dans la coupole, G, aux produits de la combustion du gaz d’éclairage, et la cheminée d’appel commune le verse au dehors.

Nous n’avons esquissé que les grands traits de ce système d’assainissement. Le cadre de cette Notice ne nous permettrait pas d’en rapporter les complications infinies, ni de dire à quelles perturbations elle est sujette, quels soins minutieux il faut prendre pour s’en préserver, et quelles précautions ont été prises pour se défendre des violents courants d’air qu’entraîne ce système. Les doubles portes dont sont munies les entrées de l’orchestre, sont un palliatif insuffisant contre ces tempêtes de l’air.

Nous ferons la critique de ce système de ventilation et d’assainissement en un seul mot : c’est la ventilation par appel. C’est le système qui attire l’air de partout, et qui oblige de boucher scrupuleusement toutes les ouvertures autres que celles qui donnent accès à l’air envoyé par les calorifères de cave ; — c’est le système qui diminue la pression et cause la gêne de la respiration ; — le système qui raréfie l’air, et le rend moins propre à conduire le son.

Arrêtons-nous un instant sur ce dernier défaut, capital, on le conçoit, pour un théâtre de musique.

Par la perfection même de la méthode de ventilation par appel, on est arrivé à produire au théâtre Lyrique un nombre considérable de courants de sens divers, de densités différentes, de directions variables, lesquels n’apportent à l’auditeur fatigué qu’une musique atténuée, et certainement aussi modifiée dans les valeurs de ses notes.

On sait, en effet, que les sons transmis par un milieu peu dense, acquièrent de la gravité. Lorsque Dulong se remplissait les poumons de gaz hydrogène, pour montrer à ses auditeurs de la Sorbonne, que ce gaz n’est pas toxique, et lorsqu’il parlait, sa voix devenait remarquablement basse. À