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on en est largement dédommagé par les résultats obtenus. Ainsi, dans le tissage d’Orival, où les travaux ont été exécutés sans arrêter la marche de l’atelier, et où les conditions locales présentaient d’assez grands obstacles, la dépense totale s’est élevée à 14 000 ou 15 000 fr.

« M. Fournet, en faisant cette dépense, n’avait en vue que de remédier aux défauts hygiéniques qu’il avait reconnus dans ses ateliers ; mais il a trouvé en outre, sans s’y être attendu, l’avantage d’un accroissement remarquable de production de son usine. Le mérite de l’initiative qu’il a prise ne lui en reste pas moins, et nous ne saurions douter que son exemple ne soit suivi par un grand nombre d’autres industriels qui savent mettre au rang de leurs devoirs l’amélioration morale et physique de leurs ouvriers. »

En résumé, la ventilation est nécessaire dans les réunions publiques nombreuses, comme dans les ateliers industriels ; elle est utile dans les salles de théâtre et les églises, comme dans les mines, les cales de vaisseaux, les casernes, les dortoirs, etc. L’objet de cette Notice, c’est de faire connaître les principes généraux et les dispositions pratiques reconnues aujourd’hui les meilleures pour assurer le renouvellement de l’air dans les salles habitées.

Nous consacrerons un chapitre à poser quelques principes généraux au point de vue de la science pure. Dans les chapitres suivants, après avoir donné un rapide historique de la question, nous ferons connaître les divers systèmes de ventilation, qui ont été proposés. Enfin nous décrirons les applications les plus remarquables, qui ont été faites de ces systèmes dans divers établissements de Paris.


CHAPITRE II

ce que c’est que l’air pur. — composition de l’air vicié. — effets nuisibles de l’acide carbonique, des matières animales volatiles et des ferments putrides.

L’air pur est un mélange de 21 parties (en volume) de gaz oxygène et de 79 parties de gaz azote. L’air renferme, en outre, 4 à 6 dix-millièmes de son volume de gaz acide carbonique, plus une quantité de vapeur d’eau, dont la proportion varie selon la température. Enfin il tient en suspension divers corpuscules solides, qu’il est impossible de ne pas faire entrer en ligne de compte au point de vue de la santé.

Il n’est personne qui n’ait vu ces petites poussières atmosphériques se mouvoir sur le trajet rectiligne d’un rayon de soleil. L’illumination plus vive de cette partie de l’air, rend ces particules visibles dans l’espace parcouru par la traînée radieuse.

Les plus gros de ces corpuscules sont seuls visibles de cette manière. Pour les recueillir et les observer, il faut faire usage d’un moyen physique particulier.

On dépouille un grand volume d’air de ses poussières, en lui faisant traverser, soit des tubes pleins d’un liquide tel que de l’eau, ou de l’acide sulfurique concentré, ou bien encore contenant un peu de coton-poudre que l’on dissout plus tard dans un liquide approprié, pour laisser libres les particules solides.

Si l’on examine au microscope les petits corps ainsi recueillis, on les trouve formés de toutes sortes de débris. Ce sont des substances végétales ou minérales, comme des fibres ligneuses, des trachées ou vaisseaux de plantes, — des granules d’amidon, — des cellules épithéliales de feuilles séchées, — des brins de coton, — des atomes de charbon, provenant des cheminées d’usine et des foyers ordinaires, — des fragments de carbonate de chaux, que le vent soulève dans les campagnes ou sur les routes, et qu’il transporte au loin, — de petits cristaux de sel marin, disséminés dans l’air par les vagues qui se brisent sur les côtes, et dont l’eau s’est vaporisée avant d’être retombée sur le sol. Dans l’air des villes manufacturières on rencontre des substances végétales ou minérales qui dépendent du genre de travail auquel se livre l’industrie locale, des brins de laine ou