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L’appareil de M. Merle ne se répandit pas, et resta même complétement ignoré.

En Angleterre, on se livra, postérieurement, à quelques essais pour la cuisine au gaz ; mais ces tentatives, faites sans suite, obtinrent très-peu de succès.

C’est à M. Hugueny, pharmacien à Strasbourg, que revient le mérite d’avoir résolu le problème pratique de l’emploi du gaz comme source commode et usuelle de calorique. À une époque où l’on ne connaissait encore que les imparfaites tentatives faites en Angleterre pour la cuisine au gaz, c’est-à-dire de 1846 à 1848, M. Hugueny, par une série d’expériences bien dirigées, parvint à rendre tout à fait usuel l’emploi du gaz dans les conditions générales du chauffage domestique. En 1848, M. Hugueny fut breveté pour ses procédés. Il obtint une mention à l’Exposition de l’industrie de 1849, et publia, sous le titre de Manuel de chauffage au gaz, une courte notice lithographiée, dans laquelle on trouve exposés tous les avantages de ce nouveau mode d’emploi du calorique, avec la description des appareils imaginés par l’inventeur. M. Hugueny se servait de robinets percés d’un grand nombre de trous, qui donnaient passage à des lames gazeuses de différentes dimensions.

L’Exposition universelle de Londres, en 1851, ne permit de constater aucun progrès notable dans l’emploi du gaz comme moyen de chauffage.

Après cette époque, M. Elssner, de Berlin, perfectionnant les dispositions proposées en France, substitua aux robinets percés de trous, employés par le pharmacien de Strasbourg, des lames métalliques, persillées d’un grand nombre de très-petits orifices, et composant une espèce de tamis métallique. Cette forme est la plus avantageuse pour la généralité des applications du gaz dans les divers cas de chauffage. M. Elssner avait envoyé tous ses modèles à l’Exposition universelle de 1855.

Les poêles à gaz que M. Elssner proposait pour le chauffage des appartements, se composent d’un tuyau cylindrique, en tôle, qui enveloppe de toutes parts la flamme du gaz. L’air chaud se dégage dans l’appartement, et il persiste sans trouver d’issue au dehors ; la température du lieu est ainsi promptement élevée, et elle se maintient constante.

Cette combustion du gaz dans l’intérieur des appartements, sans qu’il existe de communication avec l’extérieur, pour le dégagement de l’acide carbonique, n’est pas sans inconvénients pour la santé des personnes qui séjournent dans cet espace. On avait, dans le début, ouvert aux produits de la combustion une communication avec le dehors, en surmontant l’extrémité du tuyau du poêle à gaz, d’une sorte d’entonnoir, terminé par un tube de fer d’un diamètre médiocre, qui aboutissait au tuyau d’une cheminée ; mais cet accessoire fut supprimé à grand tort. On pensait que les communications accidentelles, qui s’établissent forcément avec l’air extérieur, dans une pièce chauffée, suffiraient pour rendre tout à fait inoffensive la quantité d’acide carbonique qui provient de la combustion du gaz. Mais l’expérience a prouvé que le gaz, en brûlant ainsi à l’air libre, et sans que les produits de sa combustion trouvent une issue au dehors, répand une odeur désagréable, et même n’est pas sans danger.

Les fourneaux à gaz, que M. Elssner construisit pour le service des cuisines, sont presque en tout semblables aux fourneaux qui sont en usage dans nos ménages et où l’on brûle de la houille. Ils consistent en une sorte de caisse de fer quadrangulaire, sur laquelle on a pratiqué diverses cavités circulaires, qui sont occupées par une lame métallique persillée de trous, livrant passage au gaz. Enflammé sur ce tamis métallique, le gaz sert à toutes les opérations de cuisine.

La boîte à rôti, qui ne fait pas partie de