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se condensant dans ce local, cédera entièrement sa chaleur ; le local s’échauffera et profitera de toute la chaleur fournie par le combustible.

Tel est le principe physique du chauffage par la vapeur d’eau, principe bien simple et que connaissent déjà nos lecteurs.

Un calorifère à vapeur se compose donc : 1o d’une chaudière ordinaire, ou générateur ; 2o d’un certain trajet de tuyaux, pourvus d’enveloppes peu conductrices, pour ne rien perdre de la chaleur qu’ils transportent dans les salles à chauffer ; 3o d’appareils divers, à surfaces rayonnantes, dans lesquels la vapeur se refroidit et se condense, et qui chauffent ainsi les pièces d’appartement. On peut encore ajouter certaines dispositions particulières, ayant pour objet de ramener à la chaudière l’eau condensée dans les appareils de chauffage.

Le système de chauffage par la vapeur d’eau, n’est point absolument nouveau. Basé sur des faits élémentaires de la physique, il a dû être mis en pratique en même temps que le chauffage des liquides au moyen de la vapeur dans les usines industrielles. Cependant cette méthode n’a pris une place sérieuse dans la science et dans l’industrie, que depuis les remarquables travaux de l’ingénieur anglais Tredgold, consignés dans son ouvrage, Principes de l’art de chauffer et d’aérer[1].

Les principaux avantages du calorifère à vapeur sont de tenir moins de place dans les habitations que les calorifères à air chaud, et pour cette raison, de pouvoir être installés plus facilement dans les maisons anciennement construites ; de porter la chaleur plus rapidement, plus sûrement et plus loin. On a pu chauffer par ce moyen des locaux situés à plusieurs centaines de mètres des générateurs, et il n’y a, d’ailleurs, aucune limite à cette distance, si la pression dans la chaudière est suffisante, et si les tuyaux qui transportent la vapeur sont parfaitement étanches et bien isolés.

Avec le chauffage à la vapeur les surfaces rayonnantes n’étant jamais portées à une haute température, on n’a plus à craindre l’incendie, ni surtout la viciation de l’air.

Nous lisons dans l’ouvrage de Tredgold :

« Le docteur Ure remarque que les ouvriers qui travaillent dans des séchoirs échauffés par la vapeur, jouissent d’une très-bonne santé, tandis que ceux qui étaient auparavant employés au même ouvrage dans des salles chauffées avec des poêles, devenaient bientôt maigres et valétudinaires[2]. »

Tredgold montre encore, en citant quantité de faits à l’appui, que les plantes chauffées dans les serres, avec les appareils à vapeur, supportent à merveille la saison d’hiver, tandis que, chauffées au moyen des poêles, elles dépérissent bientôt, et s’étiolent, comme empoisonnées.

Depuis les travaux de Tredgold, l’usage de chaufferies serres avec des tuyaux de vapeur a prévalu. Les tuyaux de vapeur ont été presque partout adoptés pour le chauffage des serres en hiver. Les appareils qui servent à cet usage portent le nom de thermo-siphon dans l’art de l’horticulture. Ce mode de chauffage des plantes a été reconnu par l’expérience, supérieur à tous les autres.

Un système de chauffage manifestement propice à l’entretien des végétaux, ne peut être qu’avantageux pour l’homme, sous le rapport de la salubrité. Cette prévision a été confirmée par l’expérience, et le chauffage à la vapeur est assurément le plus salubre dans les habitations.

Quant à la question d’économie, elle est plus difficile à résoudre en sa faveur ; mais la comparaison entre les différents systèmes serait assez difficile à établir avec sûreté.

L’installation d’un calorifère à vapeur est

  1. Principes de l’art de chauffer et d’aérer les édifices et les maisons d’habitation, par Thomas Tredgold, traduit de l’anglais sur la deuxième édition par T. Duverne. Paris, 1825, un volume in-8.
  2. Principes de l’art de chauffer et d’aérer, p. 23.