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élevés, que celles qui ne font pas usage du gaz. Remarquons, en effet, que c’est déjà une grande cause de sécurité, que l’impossibilité de transporter la lumière d’un lieu dans un autre. La plupart des incendies provoqués par les bougies ou les lampes, proviennent de ce que l’on a, par distraction, transporté la lampe dans un lieu dangereux. Combien de morts d’hommes n’ont pas causées les lampes à schiste, à gazogène ou liquide Robert, à pétrole mal purifié ! À côté de ces liquides inflammables, le gaz est la sécurité même.

M. Schilling, dans son Traité sur le gaz, examine d’une manière approfondie la question de l’explosibilité d’un mélange d’air et de gaz. On ne peut, selon lui, préciser la quantité de gaz qui doit se répandre dans un espace déterminé, pour former un mélange explosif, parce que le mélange du gaz avec l’air n’est jamais que partiel, et que le hasard joue un grand rôle dans la formation de ce mélange explosif à un endroit déterminé d’une même pièce. Selon M. Schilling, un mélange de 4 volumes d’air et de 1 volume de gaz n’est pas encore explosif ; bien plus, lorsqu’on l’allume, il brûle simplement. Un mélange de 5 volumes d’air avec 1 volume de gaz est détonant, mais une proportion plus grande d’air n’offre plus aucun danger.

On reproche souvent au gaz de fatiguer la vue. Mais la lumière du gaz n’a aucune action malfaisante qui lui soit propre. C’est l’augmentation de l’intensité de la lumière qui fatigue les yeux, et non la nature même de cette lumière. Au lieu de travailler, comme on le faisait autrefois, avec une ou deux bougies, on emploie maintenant un bec de gaz, qui donne la lumière de 10 à 12 bougies stéariques. Cette lumière trop vive fatigue les yeux ; mais si l’on se contentait de la même intensité de lumière qu’autrefois, c’est-à-dire d’une clarté équivalant à deux bougies, on ne fatiguerait pas sa vue.

On peut faire la même remarque pour la chaleur que développe la combustion du gaz, et dont on se plaint souvent, surtout dans les pièces de faibles dimensions, et dans celles où l’on n’établit pas une ventilation suffisante. Pour une même intensité de lumière, le gaz ne développe pas plus de chaleur, en brûlant, que la cire ou l’huile.

Disons, toutefois, que la fixité obligée des appareils à gaz est un grand inconvénient pour l’éclairage des appartements. Sans ce défaut, à peu près irrémédiable, il est certain qu’en raison de l’économie extrême qu’offre son emploi, le gaz aurait détrôné tous les autres agents d’éclairage. La nécessité de conserver à l’intérieur des maisons les appareils mobiles d’éclairage, c’est-à-dire les lampes, flambeaux, bougies, etc., restreint seule l’usage du gaz dans l’éclairage domestique.


CHAPITRE XXV

l’éclairage par les hydrocarbures liquides. — le gaz liquide ou l’éclairage robert.

Lorsqu’une industrie importante vient à s’élever, il semble toujours, au premier aperçu, qu’elle va anéantir les industries rivales, ou du moins apporter un obstacle considérable à leurs perfectionnements ultérieurs. Cependant l’expérience a toujours démenti cette prévision. Quand les bateaux à vapeur s’établirent sur nos fleuves, il sembla que les divers transports par la voie de terre allaient disparaître à jamais. Quand la fabrication des cotonnades et celle des toiles peintes furent introduites en France, pour la première fois, toutes les villes manufacturières du royaume se liguèrent contre cette industrie, qui paraissait les menacer d’une ruine inévitable. À l’apparition des premiers quinquets, les fabricants de chandelles se crurent réduits à la mendicité. On sait néanmoins