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munie d’une fente variant de 0,1 en 0,1 de millimètre. Dans tous les essais, on a atteint le maximum d’intensité de lumière avec le bec de 0,7 millimètre. Ce bec a donné, à consommation égale, une intensité lumineuse quadruple du bec à fente de 0,1 millimètre et sous une pression de 2 à 3 millimètres. Quant au diamètre du bouton, on a trouvé qu’il doit varier avec la consommation ; pour une dépense de 120 litres, ce diamètre doit être de 6 millimètres ; pour 150 litres, 7,5 millimètres ; pour 200 à 250 litres, 8 à 8,5 millimètres. On a essayé six sortes de bec à un trou, variant depuis 0,5 de millimètre de diamètre jusqu’à 3,5 millimètres de 0,5 en 0,5 de millimètre. Chacun de ces becs donne une dépense de gaz presque égale pour une même hauteur de flamme. En général, l’intensité augmente avec la dépense jusqu’à ce que la flamme atteigne une hauteur où elle fume. Ces essais ont donné le maximum d’intensité pour un trou de 2 millimètres de diamètre, 30 centimètres de hauteur de flamme et 123 litres de dépense à l’heure. En pratique, où l’on emploie ces becs pour imiter les flammes des bougies, la meilleure condition est 10 centimètres de hauteur de flamme et 34 litres de consommation à l’heure. Les becs-bougies d’un diamètre plus grand ne peuvent brûler que sous une pression très-faible pour ne pas fumer. Dans l’étude des becs Manchester ou à queue de poisson, on a fixé deux becs à un trou sur des genouillères mobiles, de manière à pouvoir examiner isolément chacune des flammes et les rapprocher en les inclinant de façon à obtenir une flamme unique, identique à celle du Manchester. Pour les trous les plus étroits, l’intensité des flammes réunies n’a pas été plus grande que le double d’une ou deux flammes isolées. À mesure que les trous augmentent de diamètre, la supériorité du bec Manchester sur le bec à deux bougies devient plus considérable. Enfin pour des diamètres de trous très-forts la flamme devient irrégulière et l’intensité devient inférieure à celle des deux bougies. Le maximum a lieu pour les trous de 1,7 à 2 millimètres de diamètre et une consommation de 200 litres à l’heure. Pour une consommation de 100 à 150 litres, il faut employer des becs avec trous de 1,5 millimètre. La pression la plus avantageuse est d’au moins 3 millimètres, c’est-à-dire un peu plus forte que pour les becs à fente ; avec une pression plus faible, la flamme est irrégulière et vacillante[1]. »

Les becs d’Argand, ou à double courant d’air, sont beaucoup moins employés que les becs simples. Ils se composent de deux cylindres concentriques, surmontés d’un anneau en fer ou en bronze, dont la partie supérieure est percée de trous donnant passage au gaz. En brûlant, le gaz forme autant de petits jets distincts qu’il y a de trous dans l’anneau de bronze. L’intervalle de ces trous est d’ailleurs assez rapproché pour que le gaz brûle sous forme de nappe cylindrique non interrompue. La somme des trous, qui peut varier de 8 à 25 sur un même anneau, présente au dégagement du gaz un orifice de sortie total relativement plus considérable que dans le bec-éventail à large fente. Aussi la flamme est-elle fuligineuse et peu stable. La flamme brûlant autour de cet anneau percé de trous, manquerait donc de pouvoir éclairant. De là la nécessité d’employer la cheminée de verre. Il faut seulement, comme dans l’éclairage à l’huile au moyen du bec d’Argand, régler l’appel d’air que détermine la cheminée de verre, de manière à produire une combustion complète.

Fig. 87. — Bec sans ombre.

L’avantage essentiel des becs de gaz pourvus d’une cheminée de verre, c’est de permettre d’augmenter ou de diminuer l’appel de l’air suivant les besoins, tandis que dans les becs brûlant à l’air libre, la flamme se trouve trop souvent chassée par le vent, dans les candélabres publics, ou dérangée par les courants d’air, à l’intérieur des maisons. La grandeur des orifices d’entrée et la hauteur de la cheminée de verre, permettent de graduer exactement la quantité d’air qui doit alimenter la flamme. Les premiers déterminent la section d’écoulement de l’air, la cheminée de verre règle la vitesse de son passage à travers la flamme.

Les becs d’Argand sont construits d’une

  1. Traité de l’éclairage par le gaz, traduit de l’allemand par Ed. Servier, in-4. Paris, 1868, p. 67.