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sibles pour nos organes. Il faut donc débarrasser le gaz des produits qui le souillent, éliminer toutes les substances étrangères dont il est mêlé, et ne conserver que l’hydrogéne bicarboné, le seul qui soit d’un effet utile pour l’éclairage. Voici l’ensemble des moyens employés pour cette purification.

Le long des fourneaux et à leur partie supérieure, règne le large tube de fonte, à moitié rempli d’eau, qui porte le nom de barillet, et que l’on a déjà vu représenté sur les figures 68 et 69. En sortant de chaque cornue, les tubes qui conduisent le gaz, se rendent dans le barillet et viennent plonger dans l’eau qu’il renferme. Le goudron et les sels ammoniacaux se déposent en partie dans ce premier réfrigérant, qui a encore pour mission d’isoler chaque cornue, afin que les divers accidents qui peuvent arriver à l’une d’elles, ne puissent influer en rien sur le travail général.

La totalité du goudron n’est pas arrêtée dans le barillet, et les composés ammoniacaux ne le sont qu’en partie. Pour enlever plus complètement ces produits, le gaz, en sortant du barillet, est amené, par un tube de fonte, dans le condenseur. C’est une série de tubes de fonte, d’un diamètre médiocre, disposés verticalement et très-rapprochés les uns des autres. Tous ces tubes plongent dans une boîte de fonte, sous une couche d’eau de quelques centimètres. Les sels ammoniacaux se dissolvent dans l’eau du condenseur, le goudron s’y arrête, et en même temps le gaz se refroidit en parcourant la surface étendue que présente la série de ces tuyaux.

La figure 70 représente le condenseur de l’usine à gaz de la Villette. Cet appareil est nommé quelquefois jeu d’orgue, en raison de sa ressemblance apparente avec les tuyaux d’un orgue.

Le gaz, en traversant cette longue suite de conduits, dont la grande surface baigne dans l’air froid, se refroidit presque totalement. La plus grande partie des matières goudronneuses et empyreumatiques entraînées par le gaz, se condense, et se dépose dans l’eau sur laquelle reposent ces tubes. Mais toutes les matières étrangères ainsi emportées par le gaz sorti brûlant des cornues, ne pourraient se déposer dans le condenseur. En effet, le gaz entraîne avec lui en suspension, des globules de substances diverses. En le forçant à traverser des corps solides, qui offrent une surface considérable et toutes sortes d’aspérités, on provoque le dépôt de presque tous ces corps étrangers à la surface de ces mêmes corps solides.

L’appareil qui produit cet effet purement physique, et que l’on désigne en Angleterre par un mot qui veut dire râtisseur, s’appelle simplement en France, colonne à coke.

Fig. 71. — Coupe de la colonne à coke.

La figure 71 donne une coupe de la colonne à coke. Cet appareil consiste en un