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Fig. 534. — Réserve ou parc de dépôt pour les huîtres établi en pleine eau, dans le lac Fusaro.


le lac Fusaro, voisin des ruines de Cumes et du lac de Baïes. C’est une des plus intéressantes stations de l’admirable journée que le voyageur consacre à voir les environs de Pouzzoles, à deux lieues de Naples. Au mois de février 1865, nous avons parcouru ces rivages célèbres. Nous nous sommes assis aux bords de ce lac historique, et nous avons goûté aux curieux produits de cette manufacture d’êtres vivants, dont l’origine remonte à l’époque romaine.


CHAPITRE III

la pisciculture réalisée au moyen âge et jusqu’à nos jours dans la lagune de comacchio.

L’usage des viviers pour élever le poisson destiné à la table, passa des Romains aux différents peuples qu’ils soumirent à leur puissance. Avec l’Empire, la culture des eaux cessa, et ne se releva plus qu’au Moyen-Âge. Mais elle acquit alors une importance sérieuse. On considérait le poisson comme plus nécessaire que le gibier, parce qu’il y avait cent quatre-vingt-dix jours d’abstinence de viande par année. La règle des couvents autorisait l’usage du poisson et interdisait celui de la viande. Les ordres monastiques durent donc s’occuper plus spécialement de la création des étangs.

« Les croisades, dit Vallot dans son Ichthyologie, ayant dépeuplé les campagnes, enlevé les bras à l’agriculture, les riches propriétaires ou les barons virent une partie de leurs champs incultes ; pour se dédommager, à l’imitation des moines, ils établirent des étangs, en grande partie par la puissance féodale. Ce genre d’exploitation ayant réussi, par suite de la consommation abondante de poissons, éveilla la cupidité ou l’industrie, et les étangs se multiplièrent. La livre de poisson en valait alors 8 à 10 de blé, 15 à 20 d’avoine, et 2 à 3 de viande[1]. »

Une culture des étangs ou des lagunes, qui remonte à la fin du Moyen-Âge, et qui existe encore de nos jours, a longtemps excité l’étonnement des naturalistes. Nous voulons parler de l’industrie qui s’exerce à Comacchio.

  1. Ichthyologie française. Dijon, 1837, page 95.