Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/695

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rique liquide ; A, un autre cylindre dans lequel se meut un piston, qui vient pousser et chasser devant lui l’éther, de manière à le faire sortir par l’orifice du tube recourbé CD. Sur la caisse de cet appareil est une manivelle E, qui, mise en mouvement, fait agir une sorte de soufflet ou de ventilateur, placé à l’intérieur de la caisse. GH est le tuyau de sortie de l’air de ce soufflet. L’air qui sort ainsi avec force par le tube GH, quand on tourne la manivelle, produit une évaporation extrêmement rapide de l’éther amené à la surface de la peau, par le tube CD. Ainsi se manifeste sur la partie, une réfrigération considérable, qui finit par amener une insensibilité locale.

Un autre moyen de produire l’anesthésie, consiste dans l’application directe du froid, c’est-à-dire dans l’emploi de la glace ou d’un mélange réfrigérant.

L’influence d’une basse température pour abolir la sensibilité, avait été remarquée par le célèbre chirurgien Larrey, après la bataille d’Eylau, où plusieurs opérations durent être pratiquées par un froid de 19 degrés au-dessous de zéro. Mais c’est surtout à James d’Arnott, chirurgien anglais, qu’on doit l’emploi systématique du froid comme agent d’anesthésie locale. Velpeau a, de son côté, beaucoup contribué à vulgariser ce moyen simple et peu dispendieux.

La glace pilée, appliquée sur la partie, ou l’éther sulfurique versé sur cette même partie, tels sont, en résumé, les deux moyens qui ont été mis alternativement en usage comme agents d’anesthésie locale. Mais quel est le plus avantageux de ces deux procédés ? En 1858, M, Demarquay fit des expériences comparatives de l’un et de l’autre moyen, et le résultat sembla faire pencher la balance du côté de la glace.

Depuis l’année 1854, époque à laquelle M. Guérard fit connaître son réfrigérateur, beaucoup d’autres moyens ont été proposés pour produire l’anesthésie locale. On a essayé, par exemple, de produire cet effet par l’électricité. À la fin de l’année 1858, les dentistes de Paris et les chirurgiens eux-mêmes, s’occupèrent de l’emploi de l’électricité comme moyen d’abolir la douleur pendant l’extraction des dents. Un dentiste de Philadelphie avait assuré que l’extraction des dents s’accomplissait sans douleur pour le patient, si l’opération s’exécutait sous l’influence du courant électrique de la machine d’induction de Clarke. Mais les expériences qui furent tentées à Paris, donnèrent des résultats douteux, et même complètement négatifs.

La compression des nerfs et des vaisseaux, fut essayée à la même époque, pour engourdir localement la sensibilité, mais sans plus de succès.

L’acide carbonique donna de meilleurs résultats, dans ses applications spéciales comme analgésique. Mais l’acide carbonique doit sa propriété de diminuer la douleur, principalement à l’influence bienfaisante qu’il exerce sur les plaies. M. Demarquay, dans son remarquable Essai de pneumatologie médicale[1], a établi, en effet, que l’acide carbonique favorise au plus haut degré la guérison des plaies de mauvaise nature.

On a signalé, dans le même but, un singulier moyen, c’est l’emploi des venins, proposé par M. le docteur Desmartis, de Bordeaux. Les morsures d’araignées produisent quelquefois l’analgésie locale. Le venin de certains insectes hyménoptères, paraît produire un effet analogue. Mais on n’a tenté aucune expérience sérieuse pour tirer parti de cet expédient bizarre.

La liqueur des Hollandais, le bromure de potassium, appliqué à l’état liquide, et un grand nombre de substances carburées ont été essayés, sans résultat, comme agents d’anesthésie locale.

  1. Essai de pneumatologie, recherches physiologiques, cliniques et thérapeutiques sur les gaz. 1 vol. in-8o. Paris 1866.