Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/676

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mélangé de vapeurs d’éther ou de chloroforme, se termine par une concavité, E, que l’on applique sur la bouche du malade, de manière à fermer exactement son ouverture sans gêner cependant les mouvements d’inspiration et d’expiration. Cependant on n’était jamais certain, avec un appareil de ce genre, quelle que fût sa disposition, de la quantité d’air mêlée aux vapeurs anesthésiques, qu’inspirait le malade. On a même attribué plusieurs cas de mort par le chloroforme ou l’éther, à ces appareils mêmes, qui, ne laissant passer qu’une quantité d’air insuffisante, produisaient une véritable asphyxie.

C’est en raison de cette considération si grave, qu’on a fini par renoncer complétement à toute espèce d’appareils pour l’inhalation. On se contente, aujourd’hui, de disposer en forme d’entonnoir, un mouchoir ou un linge ; d’arroser d’éther ou de chloroforme, l’intérieur de cette cavité, que l’on place sous le nez du malade. L’expérience, mille fois répétée, a prouvé que ce moyen si simple est le seul qui permette à l’air atmosphérique de se mélanger, en proportions convenables, aux vapeurs de chloroforme ou d’éther, de manière à produire l’effet stupéfiant cherché, sans exposer jamais à l’asphyxie. Un aide tient sous le nez du patient, le mouchoir imbibé de chloroforme, tandis que le chirurgien, le doigt fixé sur l’artère, s’assure, par l’état du pouls, de la persistance des conditions normales de la respiration.

Fig. 350. — Appareil pour l’inhalation du chloroforme et de l’éther.

CHAPITRE VII

utilité de la méthode anesthésique. — résultats statistiques concernant l’influence de l’éther et du chloroforme sur l’issue des opérations chirurgicales. — dangers attachés à l’emploi des anesthésiques. — discussion sur les cas de mort attribués à l’éther et au chloroforme. — conclusion. — nouveaux agents d’anesthésie récemment découverts. — anesthésie locale.

Il est une question que nous nous dispenserions d’aborder, tant sa solution paraît simple, et que nous ne pouvons cependant négliger ici, parce qu’elle doit nous introduire dans un ordre de considérations d’une importance incontestable : nous voulons parler de l’utilité de la méthode anesthésique. Tant que la douleur sera un mal et le bien-être un bien, c’est-à-dire tant que nous verrons maintenues les conditions présentes de l’existence humaine, on attachera une grande valeur à tous les moyens qui ont pour résultat l’abolition de la douleur. Or, de toutes les douleurs, celles qui accompagnent les opérations chirurgicales étant, sans aucun doute, les plus effrayantes et les plus redoutées, il serait évidemment superflu d’examiner si la méthode anesthésique doit être regardée comme utile : l’assentiment général, la pratique universelle, les résultats obtenus, répondent suffisamment à cette question. Mais on peut se