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Suède, les télégraphes aériens sont construits d’après ce système.

Le télégraphe suédois (fig. 21), qui fut construit par M. Endelerantz, se composait d’un grand cadre offrant des volets placés à égale distance, et disposés sur trois rangées verticales. Chacun de ces volets était fixé à un axe mobile, et pouvait prendre une position horizontale ou verticale. En s’ouvrant ou se fermant de cette manière, ils formaient 1 024 signaux, qui suffisaient aux besoins de la correspondance.

Fig. 21. — Télégraphe aérien employé en Suède.

Ignace Chappe, dans son Histoire de la télégraphie, décrit, en ces termes, le télégraphe suédois :

« Le télégraphe adopté par M. Endelerantz est une machine à trappes, composée d’un cadre, dont l’intérieur est rempli par dix volets placés à égale distance l’un de l’autre, et sur trois rangées verticales, dont celle du milieu en contient quatre ; ces volets sont fixés chacun sur un axe qui tourne dans des trous pratiqués aux côtés du cadre ; ils prennent une position verticale ou horizontale, d’après les mouvements qu’ils reçoivent par ces axes, et, en s’ouvrant ou se fermant ainsi, ils produisent mille vingt-quatre signaux. M. Endelerantz eût pu leur faire exprimer tous les nombres possibles ; mais il craignit d’émettre dans ses signaux trop d’incertitude, parce qu’il ne fallait pas seulement, en notant les signaux, observer quel volet était visible, mais encore dans quel ordre il l’était devenu.

M. Endelerantz apporta beaucoup de soin dans l’exécution de sa machine, pour en rendre les mouvements faciles et sûrs, et prendre des mesures pour lever une partie des obstacles que la pratique de l’art télégraphique fait apercevoir ; mais il ne s’éleva pas au-dessus du système alphabétique.

Il observa qu’il était avantageux de mettre entre ses volets un intervalle plus grand que leur diamètre, pour empêcher qu’ils ne fussent confondus ensemble ; que la tendance à la confusion est plus grande dans la direction horizontale que dans la verticale, et qu’il faut conséquemment éloigner les volets encore davantage.

Pour rendre son télégraphe de jour utile pendant la nuit, M. Endelerantz employa une lanterne de fer-blanc qui n’avait, pour laisser passer la lumière, que deux ouvertures rondes placées aux deux côtés correspondants, et couvertes avec du mica très-transparent : deux quarts de cercle en fer-blanc, adaptés aux deux côtés de la lanterne, tiennent à l’axe, de manière à être élevés sur les trous de la lanterne, et à retomber par leur propre poids, suivant qu’on veut montrer ou cacher les feux : il fixa ces lanternes à la place des volets, sur le cadre vertical, dans le même ordre entre elles que les volets ; les fils qui partent de chacune d’elles se réunissent au pied de la machine, comme pour le télégraphe de jour ; et il assure que ces lanternes ont été employées avec avantage et sûreté à la distance de trois milles suédois, les flammes étant d’un pouce, leur distance entre elles de sept pieds, et les télescopes grossissant soixante fois[1]. »

Les premiers essais du télégraphe suédois furent faits entre Drottningholm et Stockholm, le 30 octobre 1794.

En 1796, on disposa trois télégraphes pour servir à la correspondance des deux bords d’Aland, à la distance de huit lieues.

Le télégraphe suédois était à peine établi, que le gouvernement anglais en adopta un, à peu près semblable. Il fut élevé, à Londres, en 1796, sur l’hôtel de l’Amirauté. C’était une sorte de grille occupée par six volets très-rapprochés. La figure 22 représente ce télégraphe d’après le dessin qu’en a donné Ignace Chappe, dans son Histoire de la télégraphie.

Ce système est vicieux, parce qu’il expose trop aisément à confondre les signaux placés à côté ou au-dessus les uns des autres. Cette difficulté pratique, jointe à l’existence habi-

  1. Pages 167-169.