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nuages n’est pas polarisée, ainsi que l’avait présumé Arago. Ils constatèrent que la décroissance de température s’était montrée à peu près semblable à celle que Gay-Lussac avait notée dans son ascension. Enfin on put déduire de leurs mesures barométriques, comparées à celles mises à l’Observatoire au même moment, que, dans la région où le ballon se déchira, les voyageurs étaient déjà parvenus à la hauteur de 5 200 mètres.

Le mauvais résultat de cette première tentative ne découragea pas les deux intrépides explorateurs. Un mois après, ils exécutaient une nouvelle ascension. Seulement, on sera peut-être surpris d’apprendre qu’en dépit des mauvais services que leur avait rendus la vicieuse machine de Dupuis-Delcourt, ils osèrent se confier encore à la même nacelle, suspendue au même ballon. Il était facile de prévoir que les accidents qui les avaient assaillis la première fois, se reproduiraient encore, et l’événement justifia ces craintes.

Cette seconde ascension eut lieu le 27 juillet 1850. Les aéronautes partirent de l’Observatoire, en présence d’Arago. On voyait disposés dans leur nacelle, deux baromètres à siphon, gradués sur verre ; trois thermomètres, dont les réservoirs présentaient des états de surface différents. L’un rayonnait par sa surface naturelle de verre ; le second était recouvert de noir de fumée, et le troisième était protégé par une enveloppe d’argent poli ; tous trois étaient destinés à être impressionnés directement par le rayonnement solaire. Un quatrième thermomètre, entouré de plusieurs enveloppes concentriques et espacées, était destiné à donner la température à l’ombre. Il y avait enfin deux autres thermomètres, dont la boule était entourée d’un linge mouillé. Les aéronautes emportaient des ballons vides, des tubes pleins de potasse caustique et de fragments de pierre ponce imbibée d’acide sulfurique, destinés à s’emparer de l’acide carbonique de l’air injecté par des corps de pompe d’une capacité connue, et qui devaient servir à déterminer la richesse en acide carbonique de l’air pris à de grandes hauteurs.

Le thermomètre à minima de M. Walferdin, qui fonctionne tout seul, et un baromètre imaginé par M. Regnault, qui agit d’après le même principe, étaient enfermés dans des boîtes métalliques à jour, et protégés par un cachet qu’on ne devait briser qu’au retour. La plupart de ces instruments portaient des échelles arbitraires, afin de laisser les observateurs à l’abri de toute préoccupation de leur part, qui aurait pu réagir involontairement sur les résultats. Pour étudier la nature de la lumière des espaces célestes, on emporta le petit polariscope d’Arago.

Entre 2 000 et 2 500 mètres, les aéronautes entrèrent dans un nuage d’au moins 5 kilomètres d’épaisseur ; car, à 7 000 mètres, ils n’en étaient pas encore sortis. Il se forma à cette hauteur, une éclaircie qui laissait voir le bleu du ciel. La lumière, à cette hauteur, était fortement polarisée, tandis que la lumière transmise par les nuages ne l’était point. Le soleil se montrait alors faiblement à travers la brume congelée, et en même temps une seconde image apparut au-dessous de la nacelle, symétrique par rapport à l’image directe. C’était évidemment une image réfléchie.

Arrivés à 3 750 mètres, nos aéronautes lâchent du lest pour s’élever davantage. Les thermomètres marquaient déjà 0°. Mais, par suite de l’expansion du gaz à cette hauteur, le ballon se déchire. Cet accident ne les arrête pas : ils jettent encore de leur lest.

À 6 000 mètres, on rencontra de petits glaçons, en forme d’aiguilles extrêmement fines, qui couvraient tous les objets. La présence de ces aiguilles de glace, à une telle hauteur, et en plein été, prouva la vérité de l’hypothèse qui sert à expliquer les halos, parhélies, etc.

À la hauteur de 7 004 mètres les attendait un phénomène météorologique si ex-