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avait essayé à Paris, en 1780, et que nous avons déjà représenté (fig. 295, page 519). Un plan incliné, se portant à droite ou à gauche au moyen de la pression des mains ou des pieds, devait offrir à l’air une résistance et à l’aéronaute un centre d’action. La figure 323 montre les dispositions de l’appareil que Deghen avait construit pour faire mouvoir à l’aide des mains ou des pieds, des espèces d’ailes qui auraient imprimé à l’aérostat la direction désirée.

L’expérience tentée au Champ-de-Mars trompa complètement l’espoir de l’horloger viennois. Le pauvre aéronaute fut battu par la populace, qui mit en pièces sa machine.

En 1816, Pauly, de Genève, l’inventeur du fusil à piston, voulut établir à Londres des transports aériens. Il construisit un ballon colossal en forme de baleine, mais il n’obtint aucun succès.

Cet appareil de Pauly n’était d’ailleurs que l’imitation du système que le baron Scott avait imaginé, dès le début des tentatives de ce genre.

En 1788, le baron Scott de Martinville avait soumis au monde savant, le projet d’un immense aérostat, représentant une sorte de poisson aérien, muni de sa nageoire articulée et mobile, qui devait rappeler par sa marche dans l’air, la progression du poisson dans l’eau. Mais ce plan, qui, dès le commencement de l’année 1789, avait réuni un assez grand nombre de souscripteurs, ne fut pas exécuté par suite de la gravité des événements politiques que la Révolution fit éclore.

C’est encore parmi les projets qu’il faut ranger la machine proposée en 1825, par M. Edmond Genet, frère de madame Campan, établi aux États-Unis, qui publia à New-York un mémoire sur les forces ascendantes des fluides, et qui obtint un brevet du gouvernement américain pour un aérostat dirigeable.

La machine décrite par Genet était d’une forme ovoïde et allongée dans le sens horizontal ; elle présentait une longueur de cent cinquante pieds (anglais) sur quarante-six de largeur et cinquante-quatre de hauteur. Le moyen mécanique dont l’auteur voulait faire usage, était un manège mû par des chevaux ; il embarquait dans l’appareil les matières nécessaires à la production du gaz hydrogène.

Nous pouvons citer encore le projet d’une machine aérienne dirigeable, qui fut conçue par MM. Dupuis-Delcourt et Regnier. C’était un aérostat de forme ellipsoïde, soutenant un plancher sur lequel fonctionnait un arbre engrenant sur une manivelle. Cet arbre, qui s’étendait depuis le milieu de la nacelle jusqu’à son extrémité, était muni d’une hélice destinée à faire avancer l’appareil horizontalement.

« Pour obtenir l’ascension ou la descente, entre l’aérostat et la nacelle, on dispose, disait Dupuis-Delcourt, un châssis recouvert d’une toile résistante et bien tendue. Si l’aéronaute veut s’élever, il baisse l’arrière de ce châssis, et la colonne d’air, glissant en dessous, fait monter la machine. S’il veut descendre, il abaisse le châssis par devant, l’air qui glisse en dessus oblige l’appareil à descendre. » Cette disposition est fort loin de présenter la solution du problème. Dans un air parfaitement calme et à la surface de la terre, on pourrait peut-être faire obéir l’aérostat, mais dans une atmosphère un peu agitée il n’en serait pas ainsi. Qu’il vienne une bourrasque d’en haut, et en raison de la grande surface que présente le châssis, la nacelle sera précipitée à terre ; qu’elle vienne d’en bas, et l’aérostat subira une ascension forcée, qui pourra devenir dangereuse.

Les divers projets qui viennent d’être énumérés n’ont pas été mis à exécution ; mais, par la triste déconvenue qu’éprouva, le 17 août 1834, M. de Lennox, avec son navire aérien, l’Aigle, on peut juger du sort qui attendait ces rêveries, si l’on eût voulu les transporter dans la pratique.

M. de Lennox était un ancien colonel d’infanterie, qui avait jeté toute sa fortune, c’est-