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bon, en faisant d’abord traverser un foyer chargé de coke incandescent, par un courant de vapeur d’eau, qui produit, en réagissant sur le charbon rouge, de l’hydrogène carboné et de l’oxyde de carbone. Pour ramener l’hydrogène carboné à l’état d’hydrogène pur, et l’oxyde de carbone à l’état d’acide carbonique, on fait arriver, à l’autre extrémité du fourneau, un nouveau courant de vapeur d’eau. Cette vapeur produit de l’hydrogène pur et de l’acide carbonique, en réagissant par son oxygène, sur les deux gaz qui remplissent l’enceinte du fourneau.

Ce mélange d’acide carbonique et d’hydrogène, est alors dirigé à travers un dépurateur, plein de chaux, semblable à celui dont on se sert dans les usines à gaz. L’hydrogène s’y débarrasse de l’acide carbonique ; de sorte que l’on obtient ainsi de l’hydrogène pur, que l’on dirige à l’intérieur du ballon, dès sa sortie du dépurateur à chaux.

Nous négligeons ici certains détails pratiques, tels que le fractionnement en deux temps, de l’opération qui se passe à l’intérieur du foyer, détails qui ne pourraient trouver place que dans un ouvrage de chimie. Nous nous bornerons à dire que par cette manière de décomposer l’eau par le charbon, le gaz hydrogène ne revient qu’au prix de 5 ou 6 centimes le mètre cube.

Il est une disposition importante par laquelle le ballon captif de M. Giffard, diffère de tous les aérostats qui l’ont précédé. Il est fermé de toutes parts. Il ne présente pas l’ouverture qui se voit à la partie inférieure des aérostats ordinaires. Cette ouverture est, d’ailleurs, indispensable, pour que le gaz puisse s’échapper, lorsque le ballon arrive à une grande hauteur dans l’atmosphère, là où les couches d’air raréfiées par l’élévation, amènent nécessairement l’expansion du gaz intérieur, et causeraient la rupture de l’enveloppe, si le ballon était entièrement fermé. Le ballon captif de M. Giffard ne devant s’élever qu’à 300 mètres, on n’avait pas à craindre l’effet de cette expansion. Le manomètre, placé à l’intérieur, fait, d’ailleurs, connaître à chaque instant l’état de la tension de l’hydrogène intérieur. L’ouverture inférieure du ballon, cause de déperdition constante du gaz, a donc pu être supprimée ici. Elle est remplacée par trois soupapes, qui s’ouvrent du dedans au dehors, sous une pression calculée.

Nous n’avons pas besoin de dire qu’il existe à la partie supérieure de l’aérostat, une soupape ordinaire, que l’on peut manœuvrer de l’intérieur de la nacelle, au moyen d’une corde, pour perdre le gaz si cela est nécessaire. Un manomètre à mercure permet, comme nous venons de le dire, de reconnaître de l’extérieur la pression que le gaz exerce à l’intérieur de l’aérostat.

Un autre appareil mécanique qu’il importe de signaler dans le ballon captif de M. Giffard, c’est un dynamomètre placé au-dessous du ballon, non loin des soupapes automatiques, et à la portée du regard des aéronautes.

Ce dynamomètre est représenté sur la figure 322 (page 585). Il est composé de lames d’acier, qui cèdent plus ou moins, selon la pression, grâce à leur élasticité, uniformément progressive. L’assemblage de ces lames élastiques constitue un instrument fort sensible, qui indique l’effort total de traction du ballon. Une aiguille, parcourant horizontalement un cadran, fait connaître la pression en kilogrammes. Il suffit que les aéronautes lèvent la tête, pour lire le chiffre de puissance, qui les emporte.

L’aérostat pèse, avec son filet, 1 500 kilogrammes ; le poids de la nacelle et de celui qui la supporte, est de 500 kilogrammes.

Tel est l’ensemble des dispositions mécaniques, du ballon captif construit à Paris par M. Giffard, en 1867. Elles assurent toute sécurité et tout agrément aux personnes qui veulent se donner le plaisir d’une ascension. Tout est ici admirablement entendu et réalisé. L’aérostation a été si longtemps exploitée par