Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/565

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas, vint à Paris, dit M. Nadar[1], avec un crédit de 50 000 francs, ouvert par l’Empereur pour un nouveau système de ballon utile à l’armée, et voulut le décider à partir avec lui. L’insuccès d’une nouvelle tentative de photographie aérienne, détermina M. Nadar à refuser cette ouverture, et la personne en question emmena en Italie les trois Godard, dont l’aîné, Eugène, fut nommé aéronaute de l’Empereur.

Il fallait mentionner ces détails pour montrer que la vocation de M. Nadar, comme aéronaute, ne date pas d’hier. Avant de se jeter, tête baissée, dans les entreprises dont le Géant n’est que le précurseur, il avait fait ample connaissance avec le royaume de l’air.

« Mais plus je faisais d’ascensions, nous dit-il, plus j’appréciais cette force, pour ainsi dire incalculable, qui s’appelle le vent, et l’absolue et ridicule impossibilité de lutter contre le moindre courant avec cette surface énorme d’une part, si légère de l’autre, qui est un ballon. »

M. Nadar cherchait en vain dans sa tête, quelques moyens de réaliser la direction des aérostats ; il était obsédé par cette idée, lorsqu’il reçut la visite d’un confrère de la Société des gens de lettres, ancien enseigne de vaisseau, connu par ses romans maritimes, M. G. de la Landelle, qui, depuis trois ans, s’occupait, de concert avec son ami, M. Ponton d’Amécourt, de la direction des ballons, et croyait avoir trouvé la solution la plus logique.

S’inspirant du jouet nommé spiralifère ou papillon, MM. de la Landelle et Ponton d’Amécourt avaient fait construire une série de modèles de petits hélicoptères (c’est le nom que leur a donné M. Babinet) ou mécanismes s’enlevant à 2 ou 3 mètres de hauteur, grâce à un mouvement d’horlogerie, qui fait tourner une hélice. Ces joujoux constituaient sur le spiralifère ou papillon des enfants, un certain progrès, puisqu’ils emportaient avec eux leur moteur, tandis que le premier doit être lancé par une ficelle, qu’on déroule rapidement.

Fig. 314. — Nadar.

Si modestes et rudimentaires qu’ils soient, ces petits instruments, disaient MM. de la Landelle et Ponton d’Amécourt, faisaient entrevoir la possibilité d’une navigation aérienne par l’hélice.

Nous ne discuterons pas pour le moment cette théorie, que nous aurons l’occasion d’examiner dans un chapitre spécial. Nous nous bornons au récit des faits.

M. de la Landelle venait donc proposer à M. Nadar de réunir leurs efforts. Après une courte hésitation, le pacte fut conclu entre les trois chercheurs.

Au mois d’août 1863, une réunion d’amis et de personnes s’intéressant au progrès, eut lieu dans les salons de M. Nadar, qui développa son plan, dans un chaleureux discours. Il exposa le même projet dans une sorte de manifeste, que publia, peu de jours après, le journal la Presse.

  1. Mémoires du Géant, pages 63 et suivantes.