Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/537

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le concours de cette Académie, Robertson, assisté d’un savant moscovite, M. Saccharoff, exécuta à Saint-Pétersbourg, une nouvelle ascension. Les expériences auxquelles ils se livrèrent ensemble confirmèrent son assertion relativement à l’affaiblissement de l’action magnétique de la terre.

Les résultats annoncés par Robertson et Saccharoff, soulevèrent beaucoup d’objections parmi les savants de Paris. Dans une séance de l’Institut, Laplace proposa de faire vérifier au moyen des aérostats le fait annoncé par ces expérimentateurs, relativement à l’affaiblissement de la force magnétique de notre globe. Berthollet et plusieurs autres académiciens appuyèrent la demande de Laplace.

Cette proposition ne pouvait être faite dans des circonstances plus favorables, puisque Chaptal était alors ministre de l’intérieur. Aussi la décision fut-elle prise à l’instant même, et l’on désigna, pour exécuter l’ascension, MM. Biot et Gay-Lussac, qui étaient les plus jeunes et les plus ardents professeurs de l’époque. Conté, l’ancien direteur de l’École aérostatique de Meudon, se chargea de construire et d’appareiller l’aérostat. Les dispositions qu’il prit pour rendre le voyage aussi sûr que commode, ne laissaient rien à désirer.

Aussi, le jour fixé pour l’ascension, les deux académiciens n’eurent-ils qu’à se rendre au jardin du Luxembourg, munis de leurs instruments.

Cependant, au moment du départ, il survint un accident qui nécessita l’ajournement du voyage. L’aérostat s’était trouvé plus tôt prêt que les aéronautes, et ceux-ci avaient cru pouvoir sans danger le faire attendre. Mais les piquets auxquels étaient fixées les cordes qui le retenaient, étaient plantés sur un terrain récemment remué, et par conséquent peu solide ; une pluie abondante tombée pendant la nuit l’avait détrempé, de sorte que les piquets ne purent résister longtemps à la force ascensionnelle de l’aérostat, qui s’élançant de terre se mit à parcourir une certaine distance. En arrivant au Luxembourg, MM. Biot et Gay-Lussac furent tout surpris de voir le ballon en l’air, et un grand nombre de personnes occupées à ramener le fugitif. Heureusement on put saisir ses lisières et on le ramena sur le sol. Il fallut néanmoins remettre l’ascension à un autre jour et choisir un local plus convenable.

On se décida pour le jardin du Conservatoire des Arts et Métiers, et c’est de là que MM. Biot et Gay-Lussac partirent, le 20 août 1804, pour accomplir une ascension scientifique restée depuis fort célèbre.

Le but principal que se proposaient Biot et Gay-Lussac, c’était de rechercher si la propriété magnétique éprouve quelque diminution appréciable quand on s’éloigne de la terre. L’examen attentif auquel les deux savants soumirent, pendant presque toute la durée du voyage, les mouvements de l’aiguille aimantée, les amena à conclure que la propriété magnétique ne perd rien de son intensité, quand on s’élève dans les régions supérieures. À 4 000 mètres de hauteur, les oscillations de l’aiguille aimantée coïncidaient en nombre et en amplitude avec les oscillations reconnues à la surface de la terre. Ils expliquèrent l’erreur dans laquelle, selon eux, Robertson était tombé, par la difficulté que présente l’observation de l’aiguille magnétique au milieu des oscillations continuelles de l’aérostat. Ils constatèrent aussi, contrairement aux assertions de Robertson, que la pile de Volta et les appareils d’électricité statique, fonctionnent aussi bien à une grande hauteur dans l’atmosphère, qu’à la surface du sol. L’électricité qu’ils recueillirent était négative, et sa quantité s’accroissait avec la hauteur. L’observation de l’hygromètre leur fit reconnaître que la sécheresse croissait également avec l’élévation. Enfin MM. Biot et Gay-Lussac firent différentes observations thermométriques,