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concluante, le Comité de salut public décréta, quatre jours après, la formation d’une compagnie d’aérostiers militaires, dont le commandement fut confié à Coutelle, avec le titre de capitaine.

Voici l’arrêté du Comité de salut public, en date du 13 germinal an II (2 avril 1794) qui institue la compagnie d’aérostiers :

« Vu le procès-verbal de l’épreuve faite à Meudon, le 9 de ce mois, d’un aérostat portant des observateurs, le Comité de salut public désirant faire promptement servir à la défense de la République cette nouvelle machine, qui présente des avantages précieux, arrête ce qui suit :

« Art. 1er. Il sera incessamment formé, pour le service d’un aérostat près l’une des armées de la République, une compagnie qui portera le nom d’aérostiers.

« Art. 2. Elle sera composée d’un capitaine, ayant les appointements de ceux de 1re classe ; d’un sergent-major, qui fera en même temps les fonctions de quartier-maître ; d’un sergent, de deux caporaux et de vingt hommes, dont la moitié au moins aura un commencement de pratique dans les arts nécessaires à ce service, tels que maçonnerie, charpenterie, peinture d’impression, chimie, etc.

« Art. 3. La compagnie sera pour le surplus de son organisation et pour la solde, à l’instar d’une compagnie, et recevra le supplément de campagne, comme les autres troupes de la République, conformément à la loi du 30 frimaire.

« Art. 4. Son uniforme sera habit, veste et culotte bleus, passe-poil rouge, collets, parements noirs, boutons d’infanterie avec pantalon et veste de coutil bleu pour le travail.

« Art. 5. L’armement de ladite compagnie consistera en un sabre et deux pistolets.

« Art. 6. Le citoyen Coutelle, qui a dirigé jusqu’à ce jour les opérations ordonnées à ce sujet par le Comité, est nommé capitaine de ladite compagnie et chargé de lui remettre incessamment la liste de ceux qui se présenteront pour y être admis, et qu’il jugera capables de remplir les différents grades.

« Art. 7. Aussitôt que ladite compagnie sera formée, et même avant qu’elle soit complète, ceux qui y seront reçus se rendront sur-le-champ à Meudon pour y être exercés aux ouvrages et manœuvres relatifs à cet art.

« Art. 8. La compagnie des aérostiers, lorsqu’elle sera à l’armée ou dans une place de guerre, sera entièrement soumise pour son service au régime militaire, et prendra les ordres du commandant en chef. Quant à la dépense résultant des dépenses relatives à l’aérostat et des appointements de la compagnie, elle sera prise sur les fonds à la disposition de la commission des armes et poudres, qui fera passer les sommes nécessaires au sergent-major et recevra les comptes.

« Signé au registre : Les membres du Comité de salut public :

« C. A. Prieur, Carnot, Robespierre, Lindet, Billaud-Varennes, Barrère.

« Pour extrait :

« Barrère, Billaud-Varennes, Carnot, C. A. Prieur. »

Le décret de la formation de la compagnie des aérostiers militaires, composait cette compagnie de vingt hommes seulement. Elle fut pourtant portée à trente, à savoir : un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un sergent-major, faisant fonction de quartier-maître, quatre sous-officiers et vingt-six soldats, porteurs du matériel, ou tambours. Tous les hommes de cette compagnie, la première qui eût encore été organisée en ce genre, étaient des ouvriers d’élite appartenant aux diverses professions : des charpentiers, des maçons, des mécaniciens, etc. Ils étaient assimilés, pour la solde, aux artilleurs, dont ils portaient l’uniforme, avec la légende « aérostiers » sur les boutons. Leurs armes étaient un sabre-briquet et des pistolets à la ceinture. Deux caissons attelés étaient affectés au transport du matériel.

Un mois après le décret de formation de la compagnie d’aérostiers, le Comité de salut public donnait l’ordre de la mettre en mouvement, et de la diriger sur Maubeuge, que l’armée française venait de reprendre, et où elle était au moment de subir un nouveau siége.

Voici le texte de ce nouveau décret du Comité de salut public, en date du quatorzième jour de floréal l’an II de la République (3 mai 1794).

« Le Comité de salut public, considérant que les avantages qu’il s’est promis de l’envoi d’un aérostat à Maubeuge ne peuvent se réaliser que par sa plus prompte exécution ;

« Charge la Commission de l’organisation et mouvements des armées, de faire recevoir, dans le jour, la compagnie d’aérostiers dont il a ordonné la formation par son arrêté du 13 germinal, dans l’état où