Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/466

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE VI

l’aérostat de l’académie de dijon. — premier essai pour la direction des aérostats. — ascension du duc de chartres et des frères robert à saint-cloud. — la première ascension faite en angleterre. — vincent lunardi. — blanchard traverse en ballon le pas-de-calais. — honneurs publics rendus à cet aéronaute.

Le zèle des aéronautes et des savants ne se ralentissait pas ; chaque jour, pour ainsi dire, était marqué par une ascension, qui présenta souvent les circonstances les plus curieuses et les plus dignes d’intérêt.

Le 6 août, l’abbé Camus, professeur de philosophie, et Louchet, professeur de belles-lettres, firent, à Rodez, un voyage aérien dans une montgolfière. L’expérience, très-bien conduite, marcha régulièrement, mais n’enseigna rien de nouveau.

En même temps, sur tous les points de la France, se succédaient des ascensions, plus ou moins périlleuses. À Marseille, deux négociants, nommés Brémond et Maret, s’élevèrent dans une montgolfière de seize mètres de diamètre. À leur première ascension, ils ne restèrent en l’air que quelques minutes. Ils s’élevèrent très-haut à leur second voyage ; mais la machine s’embrasa au milieu des airs, et ils ne regagnèrent la terre qu’au prix des plus grands dangers.

Étienne Montgolfier lança, à Paris, un ballon captif, qui dépassa la hauteur des plus grands édifices. La marquise et la comtesse de Montalembert, la comtesse de Podenas et mademoiselle Lagarde, étaient les aéronautes de ce galant équipage, que commandait le marquis de Montalembert. Ce ballon, construit aux frais du roi, était parti du jardin de Réveillon, dans le faubourg Saint-Antoine.

À Aix, en Provence, un amateur, nommé Rambaud, s’enleva dans une montgolfière de 16 mètres de diamètre. Il resta dix-sept minutes en l’air et atteignit une hauteur considérable. Redescendu à terre, il sauta hors du ballon, sans songer à le retenir. Allégé de ce poids, le ballon partit comme une flèche, et on le vit bientôt prendre feu et se consumer dans l’atmosphère.

Vinrent ensuite, à Nantes, les ascensions du grand aérostat à gaz hydrogène, baptisé du glorieux nom de Suffren, monté d’abord par Coustard de Massy et le révérend père Mouchet, de l’Oratoire, puis par M. de Luynes.

À Bordeaux, d’Arbelet des Granges et Chalfour s’élevèrent, dans une montgolfière, jusqu’après de 1 000 mètres, et firent voir que l’on pouvait assez facilement descendre et monter à volonté en augmentant ou diminuant le feu. Ils descendirent sans accident à une lieue de leur point de départ.

Malgré tout ce qu’on en avait espéré, les nombreuses ascensions faites avec un magnifique aérostat à gaz hydrogène construit par les soins de l’Académie de Dijon, et monté, à diverses reprises, par Guyton de Morveau, l’abbé Bertrand et M. de Virly, n’apportèrent à la science naissante de l’aérostation que peu de résultats utiles.

Guyton de Morveau avait fait construire, pour essayer de se diriger dans les airs, une machine armée de quatre rames. Au moment du départ, un coup de vent endommagea l’appareil et mit deux rames hors de service. Cependant Guyton assure avoir produit, avec les deux rames qui lui restaient, un effet sensible sur les mouvements du ballon.

Ces expériences furent continuées très-longtemps, et l’Académie de Dijon fit à ce sujet de grandes dépenses de temps et d’argent. On finit cependant par reconnaître que l’on s’attaquait à un problème insoluble.

Les résultats de ces longs et inutiles essais sont consignés dans un volume in-octavo, publié en 1783, par Guyton de Morveau, sous ce titre : Description de l’aérostat de l’Académie de Dijon.

L’ouvrage de Guyton de Morveau est divisé en quatre parties. La première partie