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conducteur électrique, l’heure à l’horloge de Charring-Cross. En outre, l’heure moyenne exacte est signalée, à Londres, par la chute, à midi précis, d’un ballon qui tombe du dôme de l’Office télégraphique, et qui s’aperçoit dans un rayon de la ville extrêmement étendu.

Au moyen de la liaison télégraphique qui existe entre l’observatoire de Greenwich, la station centrale au Pont de Londres et la Compagnie du chemin de fer du Sud-Est, des signaux horaires donnant exactement le temps moyen de Greenwich, plusieurs fois par jour, sont transmis aux bureaux de la Compagnie du télégraphe électrique qui a son établissement central dans le quartier Lothbury, dans le Strand, et ensuite, à Cambridge, à Deal et à Douvres. La chute des ballons-signaux est déterminée à l’aide d’un fil télégraphique sur la tour du Strand simultanément avec la chute du ballon de Greenwich, à une heure de l’après-midi. Pareils systèmes ont été installés à Liverpool et à Édimbourg.

« Dans cette dernière ville, dit M. Airy, le ballon-signal a été installé sur la haute tour du monument de Nelson, dans le voisinage de l’observatoire ; il est en liaison immédiate avec l’horloge des passages, qui le fait tomber au moment voulu. Depuis trois mois que cet appareil fonctionne, il s’est montré si exact, si grandement utile, que des dispositions sont prises pour installer de semblables ballons à Glascow, à Greenock, à Dundée et autres ports de l’Écosse, La chute de tous ces ballons sera déterminée simultanément par un signal parti de l’observatoire d’Édimbourg[1]. »

En Allemagne, la ville de Leipzig a vu s’accomplir, en 1850, un commencement d’application de l’horlogerie électrique. Un mécanicien de Leipzig, M. Storer, et un horloger de la même ville, M. Scholle, obtinrent du gouvernement un privilège pour l’application, en Saxe, de ces nouveaux moyens chronométriques. Les rues de la ville ont été partagées en groupes ; chaque groupe est pourvu de son fil conducteur, fixé contre les murs extérieurs et mis complètement à l’abri dans l’intérieur des habitations. Tous ces conducteurs aboutissent à une horloge-type installée à l’hôtel-de-ville. Les conducteurs voltaïques, qui font marcher les aiguilles sur le cadran de chaque maison, s’embranchent et se soudent sur le conducteur principal. D’après le projet présenté par les auteurs de cet essai, les fils d’embranchement devraient coûter à peu près 1 franc le mètre, et être à la charge du propriétaire ou du locataire de la maison. Celui-ci aurait à payer de plus 6 ou 8 francs par année, suivant les dimensions du cadran, mais il n’aurait à supporter aucuns autres frais, et la direction des horloges électriques s’engagerait à lui assurer l’heure et la minute exactes de l’horloge de l’hôtel-de-ville. Une pendule électrique, avec un cadran de 33 centimètres, ne coûte que 60 à 80 francs.

Dans la ville de Gand, en Belgique, l’heure est aujourd’hui indiquée électriquement, sur plus de cent cadrans placés dans les lanternes à gaz. Les aiguilles n’avancent sur les cadrans que toutes les minutes ; mais cette indication atteint bien suffisamment le but que l’on se propose. Ce système a été établi à Gand par un mécanicien de mérite, M. Nolet, de Bruxelles, dont nous avons déjà eu l’occasion de signaler les travaux relatifs au perfectionnement de la machine électro-magnétique[2].

En France, l’horlogerie électrique ne s’est encore répandue que d’une manière fort incomplète. Un horloger de Paris, M. Paul Garnier, a établi, sur la demande de quelques-unes de nos Compagnies de chemins de fer des cadrans électriques qui distribuent l’heure dans l’intérieur des gares. Ce système est adopté en particulier sur les chemins de fer de l’Ouest, du Nord et du Midi. La gare de Lille, sur le chemin de fer du Nord, est pourvue d’un système de vingt ca-

  1. Du Moncel, Applications de l’électricité, t. II, p. 327, in-8o. Paris, 1856.
  2. Tome Ier, page 722 (Électro-magnétisme).