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taine quantité. Le courant passant de cette manière d’un électro-aimant à l’autre, le mouvement se continuera à chaque révolution de l’arbre, car les tiges qui ont été abaissées seront soulevées, et, avec elles, les rondelles qu’elles supportent et qui seront prêtes de nouveau à être attirées.

Après cette revue des principaux moteurs électriques connus jusqu’à ce jour, il nous reste à exposer les avantages et les inconvénients que peut présenter l’emploi mécanique de l’électricité, et à rechercher si l’on peut songer à remplacer l’action de la vapeur par celle de l’électro-magnétisme, ou du moins à faire intervenir, dans certaines circonstances, les moteurs électriques comme auxiliaires des machines à vapeur.

Les avantages qui résulteraient de l’électricité employée comme moyen mécanique, sont tellement marqués, qu’ils ont frappé tous les physiciens, dès les premiers temps de la découverte de l’électro-magnétisme. En admettant que sa construction réalisât toutes les conditions exigées par la théorie, un moteur électrique l’emporterait sur une machine à vapeur par certaines raisons que nous allons essayer de déduire.

En premier lieu, le point d’application de la force se trouvant, dans quelques machines, sur l’arbre moteur lui-même, donnerait immédiatement le mouvement circulaire continu ; on sait, d’ailleurs, que le mouvement circulaire peut se changer en un mouvement d’une autre direction avec bien plus de facilité que lorsque l’impulsion primitive est rectiligne et ne produit qu’un mouvement de va-et-vient, comme dans la machine à vapeur de Watt.

Les appareils électro-moteurs auraient l’avantage de donner immédiatement, sans autre dépense, sans autre difficulté ni complication, les grandes vitesses, dont l’utilité est si manifeste dans une foule de cas. Avec un moteur électrique, la vitesse ne coûterait pas d’argent, tandis que dans les machines à vapeur, on ne réalise les grandes vitesses que par des dépenses de combustible et par des transformations de mouvement, poulies, engrenages, etc.

Avec un moteur électrique, on n’aurait point à redouter ces terribles explosions qui, par intervalles, portent l’épouvante dans les ateliers.

Ajoutez enfin la facilité qu’offrirait ce moteur, de pouvoir être installé partout sans exiger d’emplacement spécial ni de local particulier, de fonctionner seul et sans qu’aucune main dût présider à sa direction.

C’est le tableau de ces avantages qui a tant excité l’imagination des mécaniciens de nos jours, qui a éveillé de si grandes espérances et a fait croire un instant que la vapeur allait être détrônée, que la découverte de Papin allait céder la place à celle d’Œrsted et d’Arago. Ce problème a été poursuivi un moment avec tant de passion, que l’on aurait pu considérer le moteur électrique comme la pierre philosophale de la mécanique moderne. Cependant l’expérience acquise par trente années de recherches, et les données exactes que ces recherches ont fournies, ont mis en évidence les innombrables difficultés relatives à cette question. Voici les principales de ces difficultés.

La force électro-magnétique n’est guère qu’une force de contact ; son intensité diminue, par la distance, avec une rapidité déplorable. Bien que cette loi n’ait jamais été positivement vérifiée, on admet que l’attraction magnétique diminue, comme l’attraction planétaire, selon le carré des distances ; un morceau de fer, attiré par un électro-aimant avec une certaine force, à la distance de 1 millimètre, par exemple, n’est plus attiré qu’avec une intensité neuf fois plus faible quand on le porte à la distance de 3 millimètres. Le mouvement de va-et-vient qui résulte de l’attraction magnétique n’est donc que d’une aptitude ou d’une course extrême-