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que sur une plus grande surface. Les deux plaques mobiles sont articulées, chacune, à leur extrémité la plus éloignée, avec une tige métallique attachée par l’autre bout à un axe coudé, vertical, et qui supporte à sa partie inférieure un volant horizontal. La machine elle-même fait agir le commutateur.

Pour comprendre le jeu de cette machine, il faut se représenter séparément chaque plaque mobile, et voir comment elle est mise en mouvement par l’action attractive de l’électro-aimant. Au repos, les tringles qui supportent la plaque de fer sont verticales, comme le fil qui supporte la lentille d’un pendule ordinaire ; mais si l’on vient à l’écarter de cette position d’équilibre, les tringles se déplacent aussi, et leur extrémité inférieure décrivant une circonférence, la plaque de fer doux devra nécessairement s’élever au-dessus de l’électro-aimant et s’en éloigner plus ou moins en parcourant un chemin circulaire. Si alors on fait agir l’électro-aimant qui est placé au-dessous, la plaque tendra à s’en rapprocher avec une énergie qui ira en augmentant jusqu’à ce que les tringles soient revenues dans leur position respective, c’est-à-dire jusqu’au moment où la plaque de fer doux se trouvera le plus rapprochée possible de l’électro-aimant. En cet instant et pas plus tard, le courant doit passer dans l’autre électro-aimant, pour faire mouvoir de la même façon la plaque mobile placée au-dessus de lui. Ces deux plaques reçoivent donc un mouvement oscillatoire de va-et-vient qui se transmet, au moyen de deux tiges, à l’arbre moteur, absolument comme dans une locomotive le mouvement rectiligne de va-et-vient du piston à vapeur se transmet à l’essieu coudé qui supporte les roues.

La machine de M. Roux présente une disposition avantageuse en ce qui concerne le point d’application de la force des aimants artificiels, et l’heureuse transformation de mouvement qui en est la conséquence. On peut remarquer, cependant, que les pôles magnétiques devant se déplacer continuellement sur la plaque de fer mobile, et ce déplacement des pôles exigeant un certain temps pour s’accomplir dans l’intimité des molécules du métal, il y a nécessairement dans les mouvements de la machine un ralentissement notable, ce qui doit l’empêcher de dépasser une certaine vitesse, et, par conséquent, en diminuer la force.

Nous pourrions signaler encore, parmi les moteurs électriques qui furent présentés à l’exposition universelle de 1855, un appareil de MM. Fabre et Kunemann, successeurs de Pixii, où l’on voit une application de la nouvelle disposition des aimants électro-magnétiques, dus à ces constructeurs, les aimants tubulaires, qui développent une puissance magnétique bien supérieure à celle des aimants en fer à cheval communément adoptés.

Un autre moteur électrique qui avait été présenté pour l’exposition universelle de 1855, par un constructeur anglais, M. Allen, était fondé sur un principe assez curieux.

L’appareil de M. Allen est composé de seize électro-aimants, fixés chacun sur un cadre de fer, étagés les uns au-dessus des autres par rangées de quatre, et ayant leurs pôles dirigés de bas en haut. Un arbre horizontal, muni d’un volant, et coudé suivant quatre directions différentes, est articulé avec quatre tiges de fer qui passent chacune par le milieu de quatre électro-aimants. Ces tiges superposées portent quatre rondelles de fer doux, qui peuvent glisser à frottement dans le sens de leur longueur ; elles sont retenues, de distance en distance, par quatre saillies de cuivre placées au-dessous. Chacune de ces rondelles est successivement attirée par les électro-aimants qui leur sont opposés et qui viennent s’appliquer à leur surface ; en cet instant, le courant cesse dans cet électro-aimant pour passer dans l’électro-aimant placé immédiatement au-dessous. La rondelle qui correspond à cet électro-aimant est attirée, à son tour, et fait ainsi avancer la tige d’une cer-