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qui donne un précipité de cyanure de cuivre, d’une belle couleur marron. Ce précipité est recueilli et lavé, puis dissous dans de l’eau contenant 5 kilogrammes de cyanure de potassium. On étend d’eau cette liqueur, de manière à obtenir 50 litres de bain. Quand on l’a fait bouillir pendant une heure, ce bain est prêt à fonctionner : il donne un dépôt brillant de cuivre sur le fer, la fonte, le zinc, l’étain et le plomb. Un anode de cuivre est placé au pôle positif, pour remplacer au fur et à mesure, le cuivre déposé. Ce bain s’emploie à froid ou à chaud.

La figure 229 représente la cuve et le bain avec les anodes de cuivre ; employés pour le cuivrage par la pile. A, A, sont les objets à cuivrer, B, B, les anodes de cuivre attachés au pôle positif, S, T, les tringles supportant les pièces plongées dans le bain.

Fig. 229. — Bain de cuivrage par la pile.

On dépose rarement du cuivre à la surface des métaux, car les usages industriels du cuivre pur sont assez limités. Mais l’industrie, comme chacun le sait, fait un très-grand usage d’un alliage de cuivre et de zinc, connu sous le nom de laiton. Aussi les chimistes se sont-ils préoccupés de bonne heure, de la possibilité d’obtenir, par la pile, des dépôts de laiton.

Un des principaux mérites, à nos yeux, de M. de Ruolz, c’est d’avoir le premier, trouvé le moyen d’obtenir, par l’électro-chimie, la précipitation des alliages, tels que le bronze et le laiton. On comprenait bien à priori, la possibilité de déposer, par la pile, des métaux purs, tels que l’argent, le cuivre ou l’or ; mais la production des alliages par le même moyen, n’était pas une œuvre banale. Aussi la découverte de la production des alliages au moyen de deux dissolutions salines traitées par la pile, par exemple celle du laiton, au moyen d’une dissolution mélangée de sels de cuivre et de zinc, est-elle l’une des inventions les plus remarquables de l’électro-chimie. Elle présentait, en effet, aux points de vue théorique et pratique, de nombreuses difficultés, et son application à l’industrie était d’une haute importance. Quand on est parvenu à couvrir le fer d’une couche de laiton, on réunit à l’économie de l’emploi du fer, l’avantage de le préserver de l’oxydation, et l’on produit, en même temps, un alliage très-justement recherché dans les arts, pour la beauté de sa couleur.

Les procédés découverts par M. de Ruolz, pour la formation électro-chimique du laiton, furent d’abord mis en usage, sous la protection d’un brevet, dans l’usine de M. Bernard. Aujourd’hui, ces procédés sont du domaine public, et le laitonisage a pris une grande extension en France comme à l’étranger. On recouvre de laiton, par la pile, une foule d’objets de quincaillerie fabriqués en fer ou en zinc, pour leur donner l’apparence du véritable laiton. Tous les fabricants de sujets de pendules ou autres objets en zinc ou alliages métalliques de peu de valeur, commencent par laitoniser ces objets par la pile, avant de leur donner, par une peinture spéciale, la couleur de bronze florentin qu’on leur connaît.

En raison de la grande extension de ces derniers procédés dans l’industrie parisienne, nous donnerons quelques détails sur leur mise en œuvre.

On peut obtenir un dépôt de laiton par la voie voltaïque, en décomposant par la pile un