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produits, avec sa marque de fabrique, un poinçon portant en chiffres le nombre de grammes d’argent déposés par objet d’orfévrerie ou par douzaine de couverts de table.

Le brevet que M. Christofle avait acheté à MM. Elkington expira en 1855. À partir de ce moment, tous les procédés de dorure et d’argenture par la pile, tombèrent dans le domaine public, et chacun put se livrer à l’exploitation de ces procédés.

La nouvelle orfévrerie voltaïque est maintenant répandue partout. Elle a fait complètement disparaître la dorure au mercure, au grand bénéfice de la santé des ouvriers, et elle a rendu en même temps, un service immense à la salubrité générale, en mettant à la portée de toutes les fortunes une vaisselle argentée qui remplace complètement, au point de vue de la salubrité, la vaisselle d’argent massif.

L’importance de l’industrie due à M. Christofle est telle que depuis 1842 dans son usine de la rue de Bondy, il a été déposé 77 000 kilogrammes d’argent, qui ont donné naissance à un mouvement d’affaires de plus de 107 millions de francs.

Charles Christofle obtint une grande médaille d’honneur à l’exposition universelle de 1855, et il reçut la même récompense à l’exposition de Londres, en 1862. Ce manufacturier célèbre est mort le 13 décembre 1863. Son usine, dirigée par son fils, M. Paul Christofle, et son neveu, M. Henri Bouilhet, tient toujours la première place parmi les fabriques du même genre qui existent aujourd’hui, en assez grand nombre, dans la capitale.

Richard Elkington est mort à Londres il y a quelques années. M. Wright, chimiste attaché à son établissement de Birmingham, pouvait revendiquer une partie des recherches, qui avaient amené la découverte de la dorure an trempé, comme aussi de la dorure et de l’argenture voltaïques. Cependant, M. Richard Elkington était, comme les grands industriels anglais, très-versé dans les sciences. Ses vastes ateliers de Birmingham étaient consacrés surtout à la fabrication du maillechort (alliage de cuivre, de nickel, de zinc et d’étain) pour la fabrication des couverts. La quantité de couverts en maillechort argenté qui sort aujourd’hui de la fabrique d’Elkington, est prodigieuse. Ces produits sont surtout destinés aux colonies anglaises de l’Asie.

Quant à M. de Ruolz, après sa séparation de M. Ch. Christofle, il continua à s’occuper de sciences technologiques. On lui doit l’invention du tiers-argent, ou argenterie massive. Cet alliage qui contient 333 millièmes d’argent et 667 millièmes de cuivre et de nickel, permet d’éviter la réargenture. Il est toléré par l’État.

M, de Ruolz s’est encore occupé avec succès de la fabrication des aciers, de concert avec un ingénieur des mines, M. de Fontenay.

Du reste, avant d’aborder la question de la dorure voltaïque, M. de Ruolz s’était déjà fait connaître dans le monde savant. Il avait publié, en 1831, en collaboration avec MM. de Franqueville et de Montricher, une traduction annotée du Traité des chemins de fer de Nicolas Wood. À la même époque, il publia, avec les ingénieurs Mellet et Henry, le premier projet de chemin de fer de Paris à Rouen, par Pontoise.

M. de Ruolz fut nommé inspecteur des chemins de fer (contrôle de l’Etat), en 1846, c’est-à-dire à l’époque de la création de cet ordre de fonctionnaires, qui sont chargés par le gouvernement d’exercer une surveillance sur l’exploitation des chemins de fer par les compagnies. M. de Ruolz occupa successivement les grades d’inspecteur particulier, puis d’inspecteur principal, et il fut nommé, en 1854, inspecteur général et membre du Comité consultatif des chemins de fer, fonctions qu’il exerce encore aujourd’hui.

Nous avons suffisamment parlé des inventeurs de la dorure et de l’argenture voltaïques ; arrivons maintenant à la descrip-