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Ce procédé était, en même temps, fort dispendieux, car on perdait, par les bords de la plaque, une notable quantité d’amalgame d’or. Un spéculateur qui acheta les cendres des fourneaux et la terre environnante, en retira pour plus de 30 000 francs d’or.

Les dangers du procédé de dorure par le mercure, sont suffisamment établis par le sort funeste des ouvriers qui furent employés, en 1837, à la dorure de la coupole de Saint-Isaac, à Saint-Pétersbourg.

La découverte de la galvanoplastie arriva sur ces entrefaites. De toutes parts on s’occupait de chercher et d’étendre ses applications. Il vint donc naturellement à l’esprit des industriels et des savants, la pensée d’employer l’agent galvanique comme moyen de dorure. Dès l’année 1838, on commença à tenter les applications de la galvanoplastie à l’art du doreur, et dès ce moment il devint probable que le succès couronnerait ces efforts. Mais ce qu’il était difficile de prévoir, c’est que l’application des moyens électro-chimiques pût donner immédiatement de si beaux résultats, que l’industrie de la dorure au mercure en fût totalement supprimée, et qu’à la place de ces pratiques si nuisibles à la santé des ouvriers, on vît s’élever en quelques années une industrie nouvelle, plus économique dans ses procédés, plus prompte dans ses opérations et tout à fait exempte de dangers.

Nous allons rapporter la série des travaux qui ont eu pour résultat de créer la nouvelle industrie de la dorure et de l’argenture voltaïques.

Les premiers essais de dorure par la pile ont suivi de près la découverte de cet instrument par Volta. Ils sont dus au physicien Brugnatelli, collègue de Volta à l’Université de Pavie, et qui l’accompagna pendant le voyage mémorable que l’inventeur de la pile fit à Paris, en 1800, l’année même de la découverte de cet instrument. Nicholson, Cruikshank, Volta lui-même avaient décomposé des sels et des oxydes métalliques, par la pile, et précipité le métal des dissolutions de divers sels métalliques. Mais ces dépôts étaient pulvérulents, lamelleux ou cristallisés ; ils n’offraient point l’apparence ordinaire d’un métal. C’est en 1802 que Brugnatelli fit connaître une méthode pour obtenir, par la pile, un dépôt d’or et d’argent en couche régulière, uniforme et plus ou moins adhérente au corps sous-jacent.

Brugnatelli se servait de composés dont la pratique se serait fort mal accommodée, puisque ce sont des corps détonants, à savoir : l’or et l’argent fulminants, en d’autres termes les ammoniures d’or et d’argent, que l’on obtient en traitant par l’ammoniaque les dissolutions d’azotate d’argent et de chlorure d’or. Il réduisait également l’ammoniure de platine, par l’action du courant voltaïque. Le platine ainsi réduit était à l’état pulvérulent ; mais quand on frottait la pièce recouverte de cette poudre de platine, elle prenait le brillant et l’aspect du métal.

L’ammoniure d’or servit à Brugnatelli pour obtenir un dépôt d’or par la pile.

Voici comment Brugnatelli, dans une lettre adressée en 1802, au Journal de physique et de chimie, publié en Belgique par Van Mons, décrit la manière d’obtenir un dépôt de platine sur le fil conducteur de la pile voltaïque. Il prend de l’ammoniure de platine, et, le soumettant à l’action de la pile, il obtient sur le fil d’or servant de conducteur, un dépôt de platine. En prenant l’ammoniure d’or, c’est-à-dire l’or fulminant, et le décomposant par la pile de la même manière, Brugnatelli déposa de l’or sur une médaille d’argent attachée au fil conducteur de la pile par un fil d’acier.

« La méthode la plus expéditive de réduire, à l’aide de la pile, les oxydes métalliques dissous, est, dit le chimiste italien, de se servir à cet effet de leurs ammoniures ; c’est ainsi qu’en faisant plonger les extrémités de deux fils conducteurs de platine dans l’ammoniure de mercure, on voit, en peu de minutes, le fil du pôle négatif se couvrir de gouttelettes de ce métal ; de cobalt, si l’on opère avec du cobalt ;