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galvanoplastie appartient à tout le monde ; elle n’est entravée par aucun monopole ; elle n’est sous le privilége d’aucun brevet ; enfin elle présente très-peu de difficultés d’exécution. Aujourd’hui, la reproduction des œuvres les plus importantes de la sculpture s’effectue à coup sûr : des statues, des animaux, des bas-reliefs immenses et très-accidentés, sont reproduits avec perfection, par des ouvriers même assez peu expérimentés.

Voilà, à nos yeux, bien des raisons pour décider nos artistes à revenir de leurs préventions contre la galvanoplastie.

Cette pensée commence, d’ailleurs, à être comprise, car certains sculpteurs se décident à faire exécuter directement leurs compositions par la galvanoplastie. C’est ainsi que la totalité des statues décoratives qui doivent figurer dans le nouvel Opéra, ont été exécutées directement par la galvanoplastie, dans les ateliers de M. Oudry et de MM. Christofle. Nous avons donné plus haut (fig. 175), un spécimen de l’une de ces statues dont la hauteur dépasse 5 mètres.

Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs, divers spécimens des plus récentes et des plus remarquables productions de la nouvelle orfèvrerie électro-chimique. Telles sont les figures 180 à 185 (page 313) qui représentent différentes pièces en cuivre argenté ou doré par la pile par MM. Christofle et dont une fait partie du magnifique surtout de table appartenant à l’Empereur des Français.

Applications de la galvanoplastie à l’art de la gravure. — Voici les applications principales faites jusqu’à ce jour, des procédés galvanoplastiques à l’art du graveur. L’électrotypie permet d’exécuter les opérations suivantes : 1o fabriquer des planches de cuivre pur à l’usage des graveurs ; 2o reproduire les planches gravées tant sur métal que sur bois ; 3o graver directement par le courant galvanique.

Les planches de cuivre employées par les graveurs, exigent des qualités que les procédés de l’industrie actuelle réalisent difficilement. Le cuivre, même le plus pur, livré par le commerce, contient généralement de l’étain et d’autres métaux, qui rendent la gravure au burin difficile et la gravure à l’eau-forte incertaine dans ses résultats. Au contraire, le métal qui se dépose sous l’influence du fluide électrique, est d’une pureté absolue ; il est donc parfaitement approprié aux besoins de la gravure.

Le procédé pour obtenir les plaques de cuivre unies à l’usage des graveurs, est extrêmement simple. Il suffit de se procurer une plaque de cuivre unie qui sert de moule, et sur laquelle on détermine, à l’aide de la pile, un dépôt de cuivre qui reproduit exactement l’original.

La plaque de cuivre unie destinée à servir de moule, est d’abord soudée, par sa face postérieure, à une petite lame d’étain, de plomb ou de zinc, qui ne sert qu’à établir la communication avec la pile. On obtient ainsi une planche de cuivre unie, qu’il ne reste plus qu’à polir pour qu’elle puisse servir aux usages de la gravure.

Les planches de cuivre gravées par la main de l’artiste, ne sont pas plus difficiles à reproduire que les plaques unies. Telles sont, en effet, la délicatesse admirable et la prodigieuse fidélité de ces moyens de reproduction, qu’une planche où se trouve tracé le dessin le plus compliqué, le travail le plus délicat et le plus fin, peut être reproduite avec une rigoureuse exactitude.

Personne n’ignore qu’après avoir servi à un certain tirage, une planche de cuivre ou d’acier est épuisée, et ne donne plus que des épreuves imparfaites. Or, la galvanoplastie permet de reproduire et de multiplier à volonté une planche qui vient d’être gravée par la main de l’artiste ; la difficulté qui avait jusqu’ici forcément limité le tirage des gravures, se trouve donc annulée.

Deux procédés sont employés pour reproduire, par la galvanoplastie, une planche de