Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dité ni durée, les uns furent détruits et les autres devinrent tellement frustes qu’il ne fut plus possible aux élèves de l’École de s’en servir comme sujets d’étude.

L’empereur Napoléon III, qui porte un intérêt tout particulier à l’époque gallo-romaine, eut la pensée de faire surmouler à nouveau cette belle page de l’art antique, pour en faire don au musée gallo-romain dont il venait de décider la création à Saint-Germain.

Le ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts obtint facilement du gouvernement romain l’autorisation nécessaire, et l’on se mit tout de suite à l’œuvre.

Vers la fin de l’automne de 1862, tous ces bas-reliefs arrivèrent à Paris, dans un parfait état de conservation. L’importante opération de leur reproduction galvanoplastique fut confiée à M. Oudry.

Tous les bas-reliefs de la colonne Trajane, reproduits en cuivre par la galvanoplastie, sont, depuis 1864, exposés publiquement au palais du Louvre, dans une des grandes salles du rez-de-chaussée du pavillon Denon. Le soubassement comprend quatre parties, formant chacune un des côtés du monument. La colonne proprement dite, est divisée en six sections, à peu près égales en hauteur ; les bas-reliefs de chaque section, appliqués contre une charpente circulaire et raccordés avec soin, offrent un coup d’œil imposant et une étude du plus haut intérêt.

L’épaisseur moyenne du cuivre déposé sur les six cents bas-reliefs de la colonne Trajane est de 2 à 3 millimètres.

En résumé, la galvanoplastie est appelée à rendre de véritables services à l’art de la sculpture ; et il est regrettable que les artistes et les fabricants de bronze montrent un certain mauvais vouloir contre la galvanoplastie. S’ils veulent bien examiner ses produits avec soin, ils ne tarderont pas à reconnaître que la galvanoplastie, loin de leur être nuisible, pourrait leur rendre de grands services pour les reproductions d’un certain nombre de leurs œuvres.

La fusion du bronze est, en effet, une opération singulièrement difficile, et souvent les résultats obtenus laissent beaucoup à désirer. Il faut alors avoir recours à la main d’un habile ciseleur, qui réveille des détails mal venus, accentue des lignes effacées, et cherche à retrouver la pensée du maître. Il n’y parvient pas toujours, et quand il échoue dans cette interprétation, il reste une œuvre, belle sans doute par la ciselure mais privée de l’idée, du sentiment, de l’inspiration de l’auteur. Le sculpteur qui confierait à la galvanoplastie le soin de reproduire directement son modèle de plâtre, ne verrait jamais sa pensée dénaturée ; tous les détails les plus fins du modèle seraient rendus avec une rigoureuse exactitude.

Pour les parties d’une composition sculpturale qui n’exigent pas de ciselure, et qu’il est facile de mouler et de couler en bronze, pour celles qui ne présentent qu’une faible surface, on aura sans doute avantage à conserver le bronze et le procédé de la fusion. Mais si d’autres parties, d’une plus grande surface, ont besoin de beaucoup de ciselure pour rendre toute la pureté des lignes et la finesse des détails, la galvanoplastie devra souvent être préférée à la coulée du métal et à la ciselure. Non-seulement la galvanoplastie coûte moins cher que le bronze, mais elle donne la garantie d’une reproduction éminemment fidèle. Quant à la solidité, il est facile de l’obtenir en renforçant la coquille galvanoplastique par le système de M. Bouilhet, c’est-à-dire la coulée d’une masse de laiton, qui donne toute la solidité exigée.

Les artistes et les fabricants de bronze auraient donc intérêt à se livrer à des essais de ce genre. Ils le peuvent facilement d’ailleurs. Rien n’empêche le fabricant de bronze d’installer près de ses ateliers, un laboratoire de galvanoplastie, où il ferait exécuter tous les essais qui lui paraîtraient désirables. La