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1801 et 1802, il publia dans un recueil scientifique italien, Annali chimici di Pavia, divers mémoires concernant les précipitations métalliques provoquées par l’électricité. Brugnatelli, dès l’année 1802, avait réussi à dorer l’argent au moyen de la pile, en conservant à l’or tout son brillant métallique. Nous citerons dans la seconde partie de cette notice, c’est-à-dire en parlant de la dorure électro-chimique, le texte exact des mémoires de Brugnatelli, qui renferment cette observation.

Les faits de précipitation métallique signalés par Brugnatelli, établissaient la possibilité d’obtenir des dépôts métalliques d’or et d’argent, sur le fil conducteur de la pile. Mais il y avait loin de là à la galvanoplastie, c’est-à-dire à la reproduction d’un objet par le dépôt d’une couche de cuivre plastique et malléable. Rien n’indiquait alors que la réduction des métaux par le fluide électrique, pût devenir susceptible de quelques applications dans les arts. En effet, la substance qui se déposait sur les fils de la pile n’avait aucun des caractères physiques qui distinguent les métaux. C’était presque toujours une poudre noire ou grise, sans cohérence, sans continuité, dépourvue d’éclat, privée de tout aspect métallique. On ne découvrit que longtemps après que, dans certaines circonstances, les métaux précipités par la voie galvanique, peuvent présenter l’éclat, la cohérence, la continuité et tous les caractères propres aux métaux obtenus par fusion. Cette observation devait donner naissance à l’art nouveau qui va nous occuper, et qui a reçu le nom, élégant et juste, de galvanoplastie, pour indiquer qu’il consiste à produire par le galvanisme, des objets plastiques.

La galvanoplastie aurait pu peut-être trouver son origine à l’époque de la découverte de la pile voltaïque imaginée par M. Daniell, et qui porte le nom de ce physicien. Nous avons décrit dans la notice sur la Pile de Volta[1], la pile de Daniell, qui se compose d’un vase V, contenant de l’acide sulfurique et du zinc, lesquels, par la décomposition de l’eau, produisent un dégagement de gaz hydrogène. Le gaz traversant la cloison poreuse de porcelaine D, vient réagir sur la dissolution de sulfate de cuivre contenue dans ce vase D et réduit le sulfate de cuivre à l’état de cuivre métallique : ce cuivre se dépose sur le conducteur C, qui est formé lui-même d’un cylindre de cuivre.

Fig. 163. — Pile de Daniell.

Lorsque M. Daniell fit les premiers essais de cette nouvelle disposition de la pile, il remarqua, en enlevant un fragment de cuivre qui s’était déposé sur le cylindre de cuivre C, que les éraillures de ce conducteur de cuivre se trouvaient fidèlement reproduites sur le cuivre précipité, provenant de la décomposition du sulfate de cuivre. Cette observation aurait pu conduire à la découverte de la galvanoplastie ; mais, comme M. Daniell portait alors toute son attention sur la marche et la construction de son instrument, il ne poussa pas plus loin l’examen de ce fait.

Une remarque du même genre peut s’appliquer à M. de La Rive, qui, de son côté, eut plus tard entre les mains le fait primitif qui sert de base à la galvanoplastie, et qui, néanmoins, le laissa passer sans en soupçonner l’importance.

Peu de temps après la découverte de la pile

  1. Tome Ier, page 686.