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rait immédiatement jeté par-dessus le bord.

Au mois de juin 1866, le nouveau câble était terminé et enroulé dans les bassins du Great-Eastern, qui mouillait, à cet effet, dans les parages de Sheerness, à l’embouchure de la Tamise, près de l’île de Sheppey, peu distante de l’usine de Greenwich, où le câble se fabriquait.

Le 30 juin à midi, heure et jour qui avaient été fixés six mois à l’avance, le Great-Eastern quitta Sheerness pour se rendre en Irlande. Il entra dans la baie de Bantry, pour compléter, à Berehaven, son approvisionnement en charbon, en vivres, animaux de boucherie, viande salée, etc., cargaison de victuailles sans laquelle un équipage anglais ne répondrait de rien. On s’occupait, en outre, de l’examen des machines : elles furent essayées tous les jours, pour donner la certitude de leur fonctionnement irréprochable.

Le 12 juillet 1866, à une heure et demie, l’immense navire quittait la baie de Bantry pour se rendre à Valentia. Il était précédé du Terrible, vaisseau de 21 canons, et des navires à hélice le Medway et l’Albany, qui jaugent chacun 1 800 tonneaux. Le Raccoon, autre navire à vapeur de la marine royale, l’accompagnait de près.

Depuis cinq jours déjà, le câble côtier avait été posé à Valentia, par le William Cory, et fixé à la station télégraphique de l’Irlande. Une bouée marquait la place où finissait, en mer, le câble côtier. Le Great-Eastern et les navires qui l’accompagnaient, allèrent rejoindre cette bouée, qui flottait à 50 kilomètres du rivage. Quand on l’eut atteinte, le câble côtier fut hissé à bord du Great-Eastern. On s’occupa immédiatement de le souder au grand câble atlantique contenu dans les flancs du Great-Eastern.

Le vendredi, 13 juillet, à 3 heures 20 minutes du soir, le dévidage de ce grand conducteur transatlantique commença, aux acclamations enthousiastes et au milieu des hourrah ! des équipages des cinq navires.

On comptait employer 3 630 kilomètres de câble depuis Valentia jusqu’à Terre-Neuve, pour une distance réelle de 3 100 kilomètres, augmentée d’environ 17 pour 100 par les sinuosités du fond. Les 1 415 kilomètres restants, devaient servir à la terminaison de la ligne de 1865, interrompue par la rupture du câble, qui était arrivée, comme nous l’avons dit, à environ 700 milles de Terre-Neuve. Il était convenu qu’aussitôt le nouveau câble posé, le Terrible et l’Albany iraient à la recherche de l’extrémité de l’ancien câble perdu en 1865, pour tâcher de le repêcher, et que le Great-Eastern les suivrait, pour achever la pose de ce dernier câble, abandonné, depuis un an, au fond de la mer.

La vitesse maximum du Great-Eastern était fixée à six nœuds, un peu moins que la vitesse moyenne de 1865.

La route que l’on suivait, était parallèle, à 50 kilomètres plus au sud, à celle qui avait été suivie en 1865.

Le samedi 14 juillet, vers 2 heures du matin, M. Canning, reçut un télégramme, daté de Valentia, transmettant à l’équipage du Great-Eastern la chaleureuse expression des sympathies du peuple irlandais, qui avait tenu un meeting, dans le but de prier pour le succès de cette grande entreprise. M. Canning répondit, par la même voie, que tout allait bien, et qu’on remerciait les auteurs de ce gracieux message.

À midi, on se trouvait à 250 kilomètres de Valentia, et l’on avait déjà coulé 263 kilomètres de câble.

Le samedi 15 juillet, le temps continua d’être aussi favorable que la veille. Tout l’équipage se sentait rempli de confiance dans le succès de la nouvelle tentative, bien que chacun eût encore présents à l’esprit les revers de 1865.

Le Great-Eastern continuait de recevoir, par le câble qu’il était en train de dérouler, des nouvelles d’Europe. On était alors au moment de la guerre entre l’Autriche et l’Italie,