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sur une longueur de 550 mètres ; mais pour la quatrième fois la chaîne de fer se rompit sans que l’extrémité du câble fût parvenue jusqu’à la surface de l’eau pendant aucune de ces tentatives.

Enfin, après avoir épuisé tout ce qu’il avait à bord de cordes et de chaînes, le Great-Eastern renonça à l’entreprise et cingla vers l’Angleterre, où l’on croyait qu’il s’était perdu, corps et biens. Avant de quitter définitivement le théâtre de ce drame maritime, témoin de tant d’efforts et de travaux inutiles, M. Canning fit jeter à la mer une seconde bouée(fig. 155). Déjà au moment où la chaîne s’était brisée une première fois, on avait lancé à la mer, comme nous l’avons dit, une bouée, pour marquer le lieu de l’événement.

Fig. 155. — Bouée fixant la place du câble atlantique perdu.

On suppose que l’épi de fil de fer trouvé traversant le câble de part en part, s’était formé par la rupture d’un fil de fer de l’enveloppe, pendant l’enroulement du câble dans les grandes cuves de tôle de la cale du Great-Eastern, ou pendant son déroulement sur le tambour de fer, au moment de l’immersion. D’autres ont pensé que l’introduction de ce corps étranger était volontaire, et due à une malveillance qui ne saurait être trop flétrie.

Telle fut la triste fin de la campagne de 1865. Cette expérience, grandiose autant que coûteuse, avait au moins démontré que le modèle de câble adopté était excellent ; que son isolement ne laissait rien à désirer, et que sa résistance avait été parfaitement calculée. On avait également reconnu que le Great-Eastern était bien le navire qui convenait à une telle opération. Enfin, on avait vu qu’il était possible de retirer un câble dans des fonds de près de 4 000 mètres, et qu’il ne se brise ni par son poids ni par une secousse, quand la marche du navire est réglée et que tout est prévu pour éviter un frottement trop violent contre le bordage. C’étaient là des faits acquis, incontestables, mais ils avaient été trop chèrement payés.

La faute principale qui fut commise dans l’expédition de 1865, fut d’avoir négligé d’employer des grappins et des amarres d’une force proportionnée au poids du câble immergé. L’appareil de déroulement et d’immersion du câble avait très-bien fonctionné ; mais les machines destinées à relever ou à rechercher le câble rompu, étaient restées au-dessous de leur tâche.


CHAPITRE XIV

dernière et heureuse campagne de 1866. — pose du câble au mois d’août 1866. — le câble de 1865 est repêché par le great-eastern.

Après ce fâcheux échec, M. Cyrus Field revint immédiatement en Angleterre, pour