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Cet accident c’était l’interruption des dépêches télégraphiques transmises par le câble. Dès les premiers jours de l’établissement de la ligne atlantique, les signaux avaient commencé à présenter une certaine irrégularité, une confusion, qui ne firent qu’empirer de plus en plus. Vers le 5 septembre les communications étaient à peu près complétement suspendues.

Depuis cette époque, la situation resta la même ; le courant finit même par ne plus se faire sentir à l’extrémité du câble. On essaya de déterminer en quel point du fil s’était faite l’altération physique, l’usure accidentelle qui laissait perdre dans l’Océan le courant électrique, et l’on reconnut avec regret, qu’elle existait à une distance très-éloignée des deux rivages. La mauvaise saison survenue dans cet intervalle, obligea de suspendre ces recherches.

Le désappointement public fut immense.

On attribua la détérioration si prompte du câble de 1858, au mauvais choix du modèle, qui avait été adopté sans données expérimentales, à sa fabrication trop hâtive et qui n’avait pas reçu tous les soins désirables, enfin aux manipulations sans nombre qu’il avait subies, aux alternatives de sécheresse et d’humidité par lesquelles il avait passé. Au mois d’avril 1860 on put en relever quelques kilomètres, sur la côte de Terre-Neuve. On trouva le noyau central assez bien conservé ; mais l’armature extérieure était rongée par la rouille et n’offrait plus aucune résistance. En quelques endroits il était suspendu au sein de la mer sans toucher le fond ; ailleurs il avait rencontré le roc et portait des empreintes de substances pierreuses.

En avril 1860, les directeurs de la compagnie envoyèrent le capitaine Kell et le physicien M. Varley, à Terre-Neuve, pour essayer de repêcher quelques portions de ce câble. Ils ne purent en retirer que 8 kilomètres. La gutta-percha n’était nullement détériorée, la propriété conductrice de l’âme s’était améliorée par son séjour de trois ans dans l’eau : seulement l’armature était entièrement rongée En 1862, d’autres tentatives furent faites, mais sans succès, pour relever le même câble sur les côtes d’Irlande.

    cutta à Penang, 2 246 ; de Penang à Singapour, 705 kilomètres ; de Singapour à Hong-Kong, 2 661 kilomètres ; de Singapour à Batavia, 963 kilomètres ; de Batavia à la rivière des Cygnes, 2 778 kilomètres ; de la rivière des Cygnes au détroit du Roi-Georges, 926 kilomètres ; et du détroit du Roi-Georges à la terre Adélaïde, 1 848 kilomètres. De la terre Adélaïde à Melbourne et à Sidney on aurait en peu de temps une communication télégraphique par voie de terre. De la baie de la Trinité (dans l’île de Terre-Neuve) aux Bermudes, la distance est de 2 778 kilomètres ; des Bermudes à Inagua, la distance est d’environ 1 852 kilomètres ; d’Inagua à la Jamaïque, elle est de 555 kilomètres ; de la Jamaïque à Antigoa, de 1 481 kilomètres ; d’Antigoa à Demerara, par voie de la Trinité, 1 481 kilomètres ; d’Antigoa à Saint-Thomas, de 420 kilomètres ; de la Jamaïque à Greytown, par voie de la baie de la Marine, de 1 852 kilomètres ; et de la Jamaïque à Balize, de 1 296 kilomètres.

    « On peut voir par là que tous nos établissements, nos dépendances et nos colonies dans la Péninsule, la Méditerranée, l’Arabie, l’Inde, la Chine, l’Australie, les Indes occidentales, l’Amérique centrale, peuvent être reliés à l’Angleterre par des câbles sous-marins moins longs que celui qui existe maintenant d’Irlande à Terre-Neuve, et sans qu’ils soient en contact avec aucun État puissant étranger.

    « La longueur réunie de ces câbles serait de près de 39 040 kilomètres, et en comptant 20 pour 100 pour les sinuosités du fond de la mer, la longueur totale n’excéderait pas 44 448 kilomètres. Ces câbles mettraient l’Angleterre en communication presque instantanée avec plus de quarante colonies, établissements et dépendances à 37 040 kilomètres de distance dans les hémisphères oriental et occidental.

    « Les seules dépêches télégraphiques intéressant la navigation, expédiées d’Angleterre dans ces divers points et de ces points en Angleterre, seraient d’une importance inappréciable pour les négociants, pour les armateurs et les marins, et les dépêches télégraphiques expédiées dans un but politique seraient d’un prix infini pour les gouvernements des colonies et pour celui de l’Angleterre.

    « Des colonies, établissements et dépendances susnommés viennent les produits et marchandises les plus utiles, et on leur expédie les produits manufacturés de la Grande-Bretagne. Il y aurait des millions en argent épargnés chaque année pour la population d’Angleterre sur les articles de consommation, parce que les marchands anglais et ceux des colonies connaîtraient par le télégraphe la situation des marchés d’Angleterre et des colonies.

    « Les escadres anglaises répandues sur les divers points du monde pourraient n’être que le dixième en nombre de ce qu’elles sont, si l’Angleterre et ses possessions étrangères se trouvaient enlacées dans un réseau télégraphique. Si l’on apprenait en Angleterre par le télégraphe qu’un bâtiment de guerre est nécessaire dans une partie des Indes occidentales, ce bâtiment pourrait y être rendu dans un temps plus court que celui qu’il faut en ce moment pour détacher un navire de l’escadre des Bermudes. »