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gara. Il fut seulement décidé qu’au lieu de dévider le câble en partant de la côte d’Irlande, les deux navires se rendraient au milieu de la route, formeraient, en plein Océan, une épissure ( soudure) entre les deux portions, et partiraient en sens inverse, l’un pour l’Irlande, l’autre pour Terre-Neuve.

C’est le jeudi 10 juin 1858, que commença cette seconde expédition. L’Agamemnon et le Niagara, après avoir fait dans le canal, quelques expériences, quittaient ce jour-là le port de Plymouth, chargés chacun de la moitié du câble atlantique, et accompagnés de deux navires à vapeur, le Valorous et le Gorgon qui devaient leur venir en aide dans les opérations à exécuter.

Dès son départ, la flottille eut à lutter contre un temps et des vents contraires, qui durèrent sept jours sans interruption.

Cependant, le 26 juin, l’Agamemnon, après avoir été seize jours en danger, arrivait au rendez-vous, c’est-à-dire la moitié de la distance, dans l’Océan, entre l’Amérique et l’Irlande, et il se préparait à poser le câble.

La soudure des deux bouts fut exécutée, et chacun des deux bâtiments prit sa route, l’un vers l’Amérique, l’autre vers l’Irlande, déroulant le fil conducteur et le laissant tomber à la mer, avec toutes les précautions nécessaires.

Le Niagara avait à peine déroulé une longueur d’une lieue de câble, qu’un accident détermina sa rupture.

Les deux steamers se rejoignent, pour exécuter une nouvelle soudure des deux bouts du câble, et l’immersion est reprise. Tout va bien pendant le déroulement de 15 lieues de fil par chaque bâtiment ; mais on s’aperçoit alors que le courant électrique n’est plus transmis par le câble d’un bâtiment à l’autre, ce qui dénote un accident.

En effet, le câble s’était rompu au fond de l’eau, par une cause inconnue. Les deux bâtiments se rejoignirent donc une troisième fois, pour pratiquer une nouvelle épissure. On recommença alors l’immersion.

Tout marchait à souhait et le succès semblait probable, car 56 lieues de câble avaient été déroulées sans le plus petit accident, par le Niagara, lorsque le 29 juin, à 9 heures du soir, retentit, comme un coup de foudre, la fatale nouvelle que le courant électrique ne passe plus entre les deux bâtiments : le câble s’était une troisième fois brisé au fond de l’eau.

Il avait été convenu, quand les deux bâtiments s’étaient séparés, que dans le cas où un troisième accident aurait lieu, si la rupture arrivait avant qu’ils se fussent éloignés de 40 lieues, ils reviendraient au point de départ, au milieu de l’Atlantique ; mais que si le câble se brisait à plus de 40 lieues de distance, ils reviendraient tous en Irlande, dans le port de Queenstown.

Comme le Niagara avait débité plus de 50 lieues de câble, il se trouvait dans la seconde hypothèse prévue ; il retourna donc dans le port d’Irlande. De son côté, l’Agamemnon y rentrait quelque temps après, ayant compris, par l’interruption du courant à son bord, l’événement qui s’était produit.

Cette tentative échouée avait coûté la perte d’environ 190 lieues de fil conducteur. Cependant l’entreprise ne pouvait être abandonnée, car il restait à bord des deux bâtiments et dans les ateliers où il avait été fabriqué, une quantité bien suffisante de câble pour reprendre l’opération et la mener à bien. Après un certain temps nécessité par les nouveaux préparatifs à faire, l’escadrille se prépara donc à recommencer l’opération.

Le 27 juillet 1858, l’Agamemnon et le Niagara se réunissaient de nouveau au milieu de la distance qui sépare l’Amérique de l’Irlande. Le 29 juillet, les deux bouts du câble furent réunis par une soudure, à bord du Niagara, et l’opération de l’immersion commençait sous les plus favorables auspices. L’Agamem-