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construit le câble, se chargeait de la pose à ses risques et périls.

Le chaland qui devait atterrir le câble, coula par suite du mauvais temps ; le 25, un nouveau chaland amena le câble à terre. L’Asia commença la pose, escorté de l’aviso de la marine impériale le Cuvier.

Les premiers essais de transmission électrique furent mauvais ; on poursuivit cependant. Le temps, qui ne cessait d’être contraire, n’empêchait pas l’Asia de filer 3 à 4 nœuds. Le 26 à 3 heures du matin, la bobine de charpente sur laquelle le câble était enroulé, se brisa. À 8 heures l’avarie était réparée ; mais à 10 heures une immense coque passa dans la machinerie, et il fallut couper le câble. L’épissure exigea sept heures de travail. À 6 heures, l’Asia mouillait en vue de Newhaven ; le 27, le câble arrivait à terre.

Peu de temps après, le 8 juillet, le Victor steamer anglais, arriva à Dieppe, et remplaça par un autre câble la partie, longue de 3 kilomètres, qui avait laissé beaucoup à désirer pour la transmission électrique.

Au mois de mars 1862, une compagnie anglaise faisait poser un nouveau câble entre l’Angleterre et l’Irlande. Il allait de Pembroke (Angleterre) à la pointe de Carnsore, près Wexford (Irlande). Il présentait ceci de particulier que les douze spirales de fer étaient protégées contre la corrosion de l’eau de la mer, par du chanvre goudronné enduit d’une poudre (roman cement) qui empêche le goudron de coller ses spires.

Un câble tout pareil fut posé, le 14 août 1862, pour le compte de la même compagnie, entre Lowestoft (Angleterre) et Zandwoort de Harlem (Hollande). L’immersion fut faite avec beaucoup de soin, à l’aide d’une machinerie perfectionnée. La route avait été soigneusement jalonnée par des bateaux. La perte de fil ne fut que de 7 pour 100.

Du 17 au 18 octobre les orages qui survinrent, le brisèrent à 8 kilomètres de la côte anglaise. Il fut relevé et réparé. Un nouvel accident survint en 1863 ; mais on y remédia promptement.

Nous terminerons cette longue revue en parlant des câbles de la Sardaigne à la Sicile, et de la dernière et malheureuse tentative qui fut faite pour rétablir la ligne sous-marine entre la France et l’Algérie.

Le gouvernement italien, voulant établir une communication entre la Sicile et la Sardaigne, demanda à MM. Glass et Elliott, de se charger d’immerger entre ces deux points un câble télégraphique. Celui qui fut fabriqué avait une densité moyenne de 2,68 et résistait à une tension de 7 000 kilogrammes.

Le 17 décembre 1862, le Hawthorns, bâtiment à vapeur à hélice, arrivait à Cagliari (Sardaigne), M. Canning arrivait le 22, et le lundi 29, le câble fut atterri à Porto-Gioco un peu au nord du cap Carbonara, sur une plage sablonneuse.

Le Malfatano, navire de guerre à roues, désigné par le gouvernement italien pour tracer la route, était parti le 28, pour terminer quelques sondages. Le 29, le Hawthorns commençait le filage, bien que l’autre navire ne fût pas de retour. 5 kilomètres de câble côtier furent immergés, et le navire, après la soudure faite au câble proprement dit, se dirigea vers le banc de Skerki qui est à 160 kilomètres de la Sardaigne. On devait, après cela, mettre le cap à l’est jusqu’à la hauteur de l’île de Maretimo.

De 9 heures du soir, 29, à 2 heures du matin, 30, la plus grande profondeur d’eau était franchie, ainsi que l’indiquait le dynamomètre.

À minuit, un steamer fut signalé. Le Hawthorns fit partir une fusée, espérant que c’était le Malfatano ; mais on ne reçut aucun signal en réponse. À 8 heures du matin, la sonde donnait 300 mètres, avec fond de sable. À midi, les courants l’avaient entraîné à 25 kilomètres au sud-ouest de la route prévue. Il ne devait pas rester assez de câble