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chargés d’assister et de concourir aux travaux, étaient M. Bonelli, directeur des télégraphes des États sardes, M. Siemens, directeur des télégraphes de la Prusse ; M. Brainville, représentant de l’administration télégraphique française, et M. John Watkins Brett, concessionnaire de la ligne.

Fig. 119. — John Watkins Brett, ingénieur des télégraphes sous-marins de la Manche et de la Méditerranée.

Le câble fut immergé entre le cap Garde près de Bone (Algérie) et le cap Teulada, en Sardaigne. Nous emprunterons au savant Traité de télégraphie électrique de M. Blavier, la description des manœuvres qui furent accomplies pour l’immersion de ce conducteur.

« Le câble était enroulé sous le pont dans un manchon en bois cylindrique A (fig. 120) autour d’un cône dont la partie supérieure était libre. Quatre cercles en fer, maintenus par des cordes dans une position horizontale, forçaient le câble à se dérouler régulièrement et empêchaient les nœuds de se produire. Les deux inférieurs étaient abaissés au fur et à mesure que la hauteur du cylindre de câble diminuait par le déroulement, de manière que le dernier fût toujours à une faible distance de la corde métallique pour ne permettre qu’un soulèvement partiel et successif des grandes spires extrêmes. En sortant du cercle de fer, le câble passait dans un anneau et remontait verticalement pour s’engager dans la gorge d’une pièce de fonte B placée sur la dunette du navire, et suivait une gouttière triangulaire en fer D soutenue par des pièces de bois.

Au sortir de ce conduit, le câble passait dans le vide laissé par deux roues à gorges superposées, M, glissait entre deux pièces de bois N recouvertes de tôle et liées par une charnière, où il pouvait être fortement serré au moyen d’un bras de levier adapté à la pièce de bois supérieure, et enfin s’engageait dans une gorge conique G, qui le forçait à s’appuyer sur le bord extérieur d’un grand tambour R sur lequel il s’enroulait sept fois. Un couteau en fer fixé aux montants empêchait la superposition des tours.

Le frein a se composait d’une forte bande de tôle de 0m,10 de largeur, enveloppant la circonférence du tambour, sur laquelle elle pouvait être serrée au moyen d’un bras en fer communiquant le mouvement à un levier coudé.

Au sortir de la roue, le câble passait dans une gorge en fonte S, placée à l’arrière du tambour, et tombait à la mer.

Le dynamomètre, destiné à donner une mesure de la tension du câble, qui fut installé seulement au dernier moment, était formé d’une pièce pesante, H, mobile autour d’un axe et s’appuyant sur le câble par l’intermédiaire d’une poulie à gorge. Ce poids additionnel faisait fléchir le câble entre le tambour et la poulie extrême, et par la flèche, on pouvait déduire la tension au moyen du calcul, ou de quelques expériences préalables.

Une caisse à eau P, placée au-dessus du tambour et alimentée par une pompe, arrosait constamment le tambour, pour l’empêcher de s’échauffer par le frottement.

L’extrémité du câble fut amenée à terre et fortement attachée à la côte (au cap de Garde près Bone) au moyen d’un fort poteau solidement fixé sur le rivage et autour duquel le câble fut enroulé plusieurs fois.

L’immersion, commencée le 7 septembre 1857, à 8 heures du soir, par un très-beau temps, fut terminée le lendemain à 10 heures du soir ; on était encore à 20 kilomètres de terre environ, et il ne restait plus de câble ; la profondeur n’était que de 80 brasses ; on souda provisoirement un bout de petit câble qui, un mois après, fut remplacé par un câble de même modèle que celui de la ligne.

Pendant l’immersion, on dut s’arrêter deux ou trois fois, pour parer à la rupture de fils de l’enveloppe extérieure. Le câble, filait avec une vitesse bien supérieure à celle du navire La longueur immergée surpassait d’environ 40 pour 100 l’espace parcouru par le vaisseau. Cette rapidité d’immersion détermina même les ingénieurs à changer de route, pour atteindre plus rapidement les faibles