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mier câble ; venait par là-dessus un faisceau de douze tiges de fer cerclées autour du câble. L’ensemble de ce système présentait un diamètre d’environ 3 centimètres. La longueur totale du conducteur était d’environ quarante-cinq lieues, d’une seule pièce, et pesait 5 000 kilogrammes, ou 5 tonnes, par kilomètre.

Fig. 117. — Câble déposé en 1854, entre le Piémont et la Corse, pour l’établissement de la ligne d’Algérie (dimensions grossies).

Le bâtiment à vapeur Harbinger, fut frété pour transporter cet immense conducteur sur la côte d’Italie et procéder aux travaux de la pose du fil entre le Piémont et la Corse. Ce navire allait partir lorsque le gouvernement anglais le mit en réquisition pour un transport de troupes en Orient. Il fallut donc en chercher un autre. L’arrimage d’un câble de plus de quarante lieues de longueur et d’un poids de plus de 800 tonnes, rendait assez difficile le choix du navire ; on ne put en trouver un qu’au commencement de juin : c’était le Persian. En raison du poids de son chargement, ce steamer ne put prendre de charbon que pour la traversée jusqu’à Gibraltar. On mit à la voile avec le câble électrique enroulé autour d’un immense treuil, installé sur le pont.

Mais après une courte traversée, le Persian, atteint par le gros temps, fut obligé de relâcher à Plymouth ; et pour réparer ses avaries, il dut s’alléger de soixante kilomètres de câble. On ne pouvait songer à se procurer un autre bâtiment, car les transports pour la guerre d’Orient absorbaient en ce moment tous les navires convenables. On se borna donc à réparer le Persian, qui, complétement remis en état, repartit le 18 juin, renouvela à Gibraltar sa provision de charbon, et arriva le 18 juillet à Gênes. Le même jour, il touchait au cap de la Spezzia, point de départ du télégraphe sous-marin du Piémont au cap Corse.

Le 21 juillet, à 3 heures et demie, le câble fut déposé à terre, au cap Santa-Croce ; et tout aussitôt commença l’opération de la pose du fil, qui fut continuée par le Persian jusqu’à 8 heures et demie du soir. Le travail fut suspendu pendant la nuit : le bâtiment n’avait alors pour toute ancre de retenue que le câble électrique.

Le dévidement et la pose du fil furent repris le lendemain matin, à 8 heures, À midi, 30 kilomètres étaient placés ; à 4 heures du soir, la sonde indiquait une profondeur de deux cent trente brasses (460 mètres). Mais en ce moment, le câble se précipita avec une telle vitesse que c’était à peine si les hommes employés à ce travail, pouvaient parvenir à l’arrêter ; on y réussit cependant, et on l’arrêta dans des poulies. On fut obligé de couper la partie du câble endommagée par ces accidents, et de réunir ensuite les deux bouts. Trente-six heures furent employées à cette opération.

Le 23, on se disposa à reprendre la pose du fil ; la sonde indiquait une profondeur de plus de six cents mètres.

Les sondages pratiqués quelques mois auparavant, sur cette partie du trajet du câble