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poïdes, de l’île de Java. Le caoutchouc a un très-grand pouvoir isolateur, mais il s’altère à l’air, et se désagrège au sein de l’eau, douce ou salée. Ajoutons qu’il s’altère aussi et devient déliquescent et mou par le contact prolongé du cuivre. Il a donc fallu le rejeter de la fabrication des câbles sous-marins. On l’a remplacé par la gutta-percha.

Dans l’eau, la gutta-percha se conserve indéfiniment, comme l’a prouvé l’examen de tous les fragments de câbles, qui ont été relevés après un séjour de plusieurs années dans la mer. Elle n’absorbe l’eau que dans des proportions insignifiantes, qui n’enlèvent rien à son pouvoir isolateur. Ce pouvoir isolateur est encore augmenté par les pressions énormes que supporte le câble au fond de la mer, pressions qui ont pour effet de raffermir sa substance et de boucher ses petits pertuis.

La gutta-percha est donc avec raison la seule substance employée pour former l’enveloppe isolante des câbles sous-marins. Il importe seulement de la purifier avec le plus grand soin, et de l’appliquer en couches bien égales. En combinant dans diverses proportions, le caoutchouc, la gutta-percha et les résines, on a formé plusieurs mélanges, ou composés isolants, qui sont employés comme auxiliaires de la gutta-percha. Les principaux sont le mélange Chatterton et le composé de Wray.

Le mélange Chatterton dans lequel entre une petite quantité de sciure de bois, est très en vogue en Angleterre ; il alterne généralement avec les couches de gutta-percha. Le composé de Wray, formé d’une petite quantité de silice ou d’alumine et qui constitue une espèce de verre de caoutchouc, est un mélange très-isolant et difficilement fusible ; mais il est altéré par l’eau de la mer. On connaît encore les composés de Hughes, Radcliffe et Godefroy.

Revêtement extérieur. — L’enveloppe isolante serait endommagée par les causes les plus légères, si elle n’était pas suffisamment protégée contre l’action des causes extérieures. Le moyen de défense consiste à l’entourer de spires de fils de fer. Seulement il faut interposer entre l’âme du câble et l’armature protectrice, une matière suffisamment élastique, destinée à former une espèce de matelas entre ces deux parties. Le chanvre, et surtout le chanvre indien, sont les substances qui servent à composer ce matelas élastique. Dans les premiers temps, on goudronnait cette enveloppe, pour accroître l’isolement du câble ; mais on masquait ainsi les défauts de la texture du câble, pendant les expériences que l’on doit faire avant l’immersion, sur le câble tout fabriqué. On se borne aujourd’hui, à imprégner le chanvre d’une dissolution saline conservatrice, telle que le sulfate de cuivre.

Après ce revêtement élastique vient l’armature de fils de fer.

Pour former cette armature, destinée à donner de la résistance à l’ensemble, on emploie un plus ou moins grand nombre de fils de fer de diverses grosseurs. Ces fils sont roulés en spirale autour de l’âme du câble après avoir été préalablement zingués, pour les garantir de la rouille.

Cependant, malgré cette dernière précaution, l’armature des câbles sous-marins finissait par s’oxyder et se détériorer. Deux moyens furent essayés pour donner plus de résistance à l’armature, sans trop augmenter son diamètre, ni son poids spécifique. Le premier moyen consista à tresser en torons de petits fils de fer, et à enrouler ces torons autour du câble ; le deuxième, à envelopper de chanvre goudronné chacun des fils de fer composant l’armature. Nous verrons employer alternativement pour les câbles ces deux moyens, et nous en ferons connaître le résultat. L’important est que le câble soit assez souple pour pouvoir se prêter aux manœuvres et à l’enroulement sur des tambours à grands rayons.

La partie du câble qui touche le rivage, doit être défendue plus solidement que celle