Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE II

description des procédés pour la fabrication des câbles sous-marins. — fils conducteurs. — composition des câbles. — machine pour la fabrication des câbles. — enveloppe isolante. — conservation du câble fabriqué. — installation du câble à bord d’un navire. — procédé d’immersion.

Une quantité considérable de câbles sous-marins existent aujourd’hui dans les deux mondes. Avant de parler de ces nouvelles lignes sous-marines, avant d’aller plus avant dans cet exposé, il nous paraît nécessaire d’expliquer, une fois pour toutes, la composition et les procédés de fabrication d’un câble sous-marin, ainsi que les moyens qui sont aujourd’hui en usage, pour le déposer au fond de la mer. Cet exposé général, où nous rassemblerons les connaissances acquises jusqu’à ce jour dans cet ordre de travaux, nous permettra d’abréger beaucoup, par la suite, nos récits et nos descriptions.

Fil conducteur. — Le cuivre, qui conduit l’électricité cinq à six fois mieux que le fer, est toujours le métal employé comme conducteur sous-marin. On fit d’abord usage d’un fil massif ; depuis, on a préféré obtenir la même section totale, en réunissant en tresse, ou toron, plusieurs fils de diamètre plus petit. La rupture d’un des fils par une cause quelconque, n’amène pas la cessation complète des communications. Un conducteur sous-marin se compose donc généralement de quatre à six fils de cuivre, tressés autour d’un septième.

Une machine composée d’un plateau circulaire, se mouvant horizontalement, sert à fabriquer le toron de cuivre. Des bobines enfilées dans des broches verticales, placées sur la circonférence du plateau, portent six des fils qui doivent composer ce toron. Le septième sort par un trou percé au centre du plateau, et reçoit successivement chacun des fils provenant des bobines. Ces fils sont dirigés par des guides, placés à des hauteurs différentes, et convenablement déterminées. On comprend que c’est de la différence de hauteur de chacun des guides, que dépend le pas de la spire formée autour du fil. Cette machine fabrique 250 à 300 mètres de câble par heure, en tenant compte des arrêts pour les soudures.

En parlant de la fabrication du câble transatlantique, nous donnerons le dessin de l’appareil qui sert à former ces tresses de fil de cuivre, et qui sert aussi à environner le câble, une fois prêt, de son armature de fils de fer.

Pour réunir les bouts des fils et en former un conducteur continu, on taille les extrémités en biseaux, puis on les juxtapose ; on rattache les deux bouts l’un à l’autre par deux ou trois tours de fils plus minces, et on soude le tout à l’argent. La jonction ainsi faite est aussi complète que possible, et elle n’offre qu’une très-petite résistance au courant électrique.

Il est important que les soudures des fils ne se trouvent pas toutes au même endroit, afin qu’elles ne produisent pas une augmentation d’épaisseur de l’âme du câble, qui nuirait à l’égale application de la couche isolante.

Malheureusement, le conducteur ainsi construit, a le défaut, par suite de la rupture, qui peut arriver, des petits fils intérieurs, de percer souvent la gaine isolante. Pour éviter cet inconvénient, on a employé dans quelques câbles, et notamment dans celui de la grande ligne des Indes, la disposition suivante : On a placé quatre petits fils dans un tube de cuivre creux, qui présente ainsi l’apparence d’un seul fil massif. La conductibilité d’un pareil conducteur, est, dit-on, beaucoup plus grande, et les inconvénients du toron, comme ceux du fil unique, sont ainsi évités.

Enveloppe isolante. — Pour former l’enveloppe isolante d’un câble sous-marin, on se servit d’abord, comme nous l’avons dit, du caoutchouc. Cette matière est extraite de divers arbres des régions tropicales, et principalement du Ficus elastica, qui croît dans le royaume d’Assam, et des Ficus redula et pro-